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Critique de Zirkawicca


J'étais tombée sur pas mal de citations de "Gringoland" sur Babelio et ça m'avait interpellé car elles me plaisaient... toutes! Logiquement, je me suis procuré le livre et je ne regrette pas mon achat! Déjà la couverture. Celle de mon livre est différente de celle présentée ici, je l'ai ajoutée mais elle n'apparaît que dans ma bibliothèque. C'est une page au motif "papier craft froissé" avec un dessin de cactus et des dollars éparpillés dessus. Je la trouve beaucoup + en rapport avec le livre que l'autre. Elle retranscrit bien la sensation de voyage et même l'aspect "baroudeur". Adepte des voyages un peu "roots", avec un sac à dos pour tout bagage, ça m'a tout de suite parlé.

Et dès les premières pages, ma bonne impression s'est confirmée. J'ai tout de suite adhéré au style à la fois cru, drôle, réaliste et cynique de l'auteur. de +, sa prose respire la culture, ce qui décuple le plaisir de lecture. J'aurais juste aimé savoir s'il s'agissait à 100% d'une autobiographie ou pas, et je n'ai pas trouvé cette information sur internet. Cela paraît "probable", sans toutefois aucune certitude. du coup j'ai parfois eu du mal à me laisser émerveiller, comme si je me demandais "c'est du lard ou du cochon ton histoire?!" Reste que je me suis reconnue dans son ras-le-bol et sa vision "étouffante" de la société. La seule différence, c'est que lui est passé à l'acte et moi pas: il a tout plaqué et s'est payé un aller simple vers le Mexique. Il faut oser... Pour quelqu'un de plutôt asocial tel qu'il se décrit au début, je trouve qu'il a le contact facile, très facile même! Ca m'a paru un peu louche. Comme par hasard il rencontre également toujours quelqu'un au bon moment, des opportunités s'offrent à lui sur un plateau d'argent et font de son voyage un rêve éveillé plutôt que l'enfer de solitude qu'il aurait pu (dû?) redouter. A trop se poser de questions on finit par passer à côté de sa vie et Julien Blanc-Gras a pris le taureau par les cornes, apparemment bien décidé à VIVRE. Alors, romancé ou pas? Parce que dans ces conditions, dans un monde ou "tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil" moi aussi je veux bien partir demain, toute seule et sans rien dans les poches!

Enfin je dis ça mais son périple m'a vraiment captivé. Je me demande s'il ne s'agirait pas... d'une pointe de jalousie (ouhhhh la vilaine! :$) Dans tous les cas, le coup de tête de Julien Blanc-Gras aura eu le mérite de porter mon attention vers le Mexique, terre mystérieuse s'il en est mais pourtant pas l'endroit que j'aurais choisi de visiter de moi-même. Je m'enrichis donc au fil des pages de précieuses connaissances sur le Mexique, ses us et coutumes. Pour tout vous dire, je ne soupçonnais même pas l'existence d'une jungle au Mexique. C'est dire si j'avais besoin d'un cours de rattrapage!

Le fil du récit suit son cour, au rythme des déplacements du narrateur; nous voilà maintenant aux USA, bien loin de sa face la + reluisante. L'auteur pousse d'ailleurs la réflexion assez loin et nous dresse un constat tristement cohérent: isolationnisme, autodestruction, ignorance tacite... Les USA sont au bord de l'implosion. + qu'un road-trip, j'ai trouvé dans ce "journal de bord" de véritables pensées philosophiques.

Mais voilà; + on avance dans le récit et dans le temps, + on voit le narrateur changer. Il n'est plus le jeune homme épris de liberté du début. Au contraire, il cogite, il théorise et semble parfois même à 2 doigts de virer mégalo, tout rempli de son expérience américaine. A t-il tout simplement déchanté à mesure qu'il a confronté ses rêves à la réalité? Je n'ai pas vraiment aimé celui qu'il semble être devenu. Au début du livre je ressentais de l'admiration pour ce "héros" (réel ou fictif), mais je trouve qu'au moment du bilan, il ne fait pas bon usage de la masse de connaissances et d'expériences qu'il a vécu.

Au début il était dans l'instant, dans l'émotion, le présent, la vie. Il disait lui-même qu'il fallait moins réfléchir et agir +. Et le livre se termine sur (trop) de considérations existentielles, le style a complètement changé ainsi que le fonctionnement psychique du narrateur. Il contredit lui-même ses propos du début; ce voyage semble l'avoir changé d'une drôle de manière et j'avoue que j'ai tourné la dernière page un peu déboussolée. Envolés la fraîcheur et l'enthousiasme, l'énergie phénoménale du début de son voyage. J'ai eu l'impression de tourner sur une boucle temporelle où quoi qu'on fasse, quoi qu'on vive, on finit toujours par revenir à cet état frustrant de questionnements existentiels, au final jamais résolus. Je pense lire d'autres ouvrages du même auteur pour me faire une idée + globale de sa personnalité, car ici il m'a ouvert les yeux sur les merveilles du monde pour ensuite me faire retomber comme un soufflé. Genre: "Viens, suis-moi, le monde est grand, le monde est beau, l'avenir est à nous! (...) ah ben en fait non, le monde est moche et ma petite vie étriquée aussi, et on peut visiblement rien y faire. Au temps pour moi"... Frustrant...
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