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Critique de MaloWoisard


350 parcs naturels en Afrique. Beaucoup reconnus au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO dont le concept date de 1972. Leur création a été rendue possible par l'expulsion d'un million d'Africains. Notre culture, jusqu'au Roi Lion de Disney, qui trouve son origine dans d'autres productions culturelles beaucoup plus tôt dans le siècle, est imprégnée de l'image d'une nature sauvage grandiose, a priori vide d'hommes, pourtant en péril, menacée, nécessitant une protection absolue. Aux Etats-Unis, les parcs naturels se sont construits sur la volonté de préserver ce qui serait le seul patrimoine authentique d'un Etat neuf et dans la négation des sociétés amérindiennes. En Europe, on valorise d'abord des territoires ruraux où le pastoralisme est défendu comme une source de valorisation des espaces. En Afrique, ces mêmes pratiques agricoles sont présentées comme une source de dégradation environnementale, de même qu'on attribue, de manière finalement fausse, aux paysans africains déforestation et désertification.
Guillaume Blanc démontre par les archives, s'appuyant beaucoup sur le cas éthiopien, combien ces représentations et ces pratiques qui visent pour l'essentiel à éliminer les habitants de la gestion de la nature sont nées à l'époque coloniale, beaucoup en lien avec les pratiques de chasse, ont perduré avec les indépendances, d'abord car des acteurs européens ou américains sont restés les gestionnaires et ressources scientifiques premiers des parcs, aussi pour des raisons économiques (tourisme potentiel), géopolitiques (obtenir une reconnaissance et un soutien des grandes institutions internationales à bon compte), voire politiques (maîtriser des territoires périphériques, potentielles zones grises, en en excluant les habitants). L'UICN, le WWF et l'UNESCO ont contribué à entretenir des stéréotypes nés au XIXème et de fait participé à désapproprier l'Afrique de son patrimoine. Les parcs, de fait, beaucoup, une histoire de l'Afrique sans les Africains. Pour revenir au Roi Lion, peut-être est-il temps de réfléchir à qui sont les lions, qui sont les hyènes ?
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