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4/5 (sur 45 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Guillaume Blanc est maître de conférences à l'université Rennes 2.

Spécialiste de l'histoire contemporaine l'Afrique, il dirige la collection "histoire environnementale" aux Éditions de la Sorbonne, où il a notamment publié Une histoire environnementale de la nation (2015) et co-dirigé Humanités environnementales.

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Guillaume Blanc vous présente son ouvrage "La nature des hommes : une mission écologique pour sauver l'Afrique" aux éditions La Découverte. Entretien avec Nicolas Patin. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3066373/guillaume-blanc-la-nature-des-hommes-une-mission-ecologique-pour-sauver-l-afrique Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque des agro-pasteurs sont réinstallés dans une zone-tampon, ils arrivent avec leur bétail, et l'opération provoque un afflux de bovins. Alors les prix du marché chutent, puis les populations s'appauvrissent, inévitablement. Quant aux zones-cœurs où les habitants sont autorités à rester, la condition est qu'ils réduisent leur activité agricole. Le processus entraîne, ici, l'intensification de l'économie pastorale : c'est le seul moyen de compenser la perte du travail des champs. Alors les sols sont trop utilisés par le bétail pour pouvoir se régénérer, et les populations perdent leurs moyens de subsistance, forcément. En Afrique, pour les habitants d'un parc, conservation rime toujours avec pauvreté.
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Face à un même type d'espace agro-pastoral, l'un en France, l'autre en Ethiopie, l'Unesco livre donc deux histoires radicalement différentes. La première est européenne : elle décrit l'adaptation de l'homme à la nature. La seconde est africaine : elle raconte la dégradation de la nature par l'homme.
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Tout commence en Amérique du Nord, à la fin du XIXe siècle. Les États-Unis et le Canada créent les premiers parcs nationaux du monde,et dans chacun d’eux ils expulsent les habitants. Ils (ré)introduisent des espèces animales dites authentiques, ils (re)plantent des forêts dites originelles et ils (ré)enherbent des plaines dites naturelles. Puis, une fois ce travail accompli, ils font de la nature sauvage, la wilderness en anglais, un symbole national. Dans chaque parc, la nature devient l’âme de la nation. Elle est décrite au public commel’essence authentique des deux sociétés, la figure originelle de deux pays qui se seraient construits sur l’expérience collective d’un terre sauvage et inhabitée, et non pas sur la violence d’une conquête coloniale. L’engouement pour les parcs nationauxs’étend ensuite à l’Europe, au début des années1930. Les États européens expulsent rarement les habitants de leurs parcs. Ils instrumentalisent eux aussi la nature, mais l’invententautrement. Plutôt que de fabriquer une wilderness vierge et atemporelle, ils associent leur nation à une nature humanisée depuis des temps immémoriaux. Par exemple, la confédération suisse fait de ses pâturages de montagne un sol sacré, l’emblème d’une terre qui serait exploitée de la même façon et depuis des siècles, au-delà des différences qui les séparent, par les peuples d’une seule et même nation. Dans la même veine, l’Allemagne fait de ses forêts et de leur folklore le symbole des petites patries (Heimat) où la population peut apprendre à aimer la grande patrie (Vaterland). Le procédé est donc le même qu’en Amérique du Nord. Partout, les parcs naturels favorisent une extension du local au national : du parc jusqu’au national qui le protège, de l’amour d’un petit territoire à l’amour d’un territoire plus vaste, pour reprendre la belle expression de l’historien François Walter. La France s’empare à son tour de ce modèle,au milieu des années 1960. La France des paysans disparaît, et l’État cherche un substitut àl’identité rurale de la nation. Alors, dans la Vanoise, les Pyrénées ou le Mercantour, les gestionnaires des parcs nationaux disent « restaurer l’équilibre écologique des lieux ». Ils interdisent l’industrialisation de l’agriculture,(re)naturalisent les écosystèmes, là-bas des pelouses d’altitude, ici des tourbières, et(ré)introduisent des espèces animales, vau-tours fauves, coqs de bruyère et bouquetins,entre autres. Aux dires de l’État français, ce travail garantit le « retour naturel d’espèces d’intérêt patrimonial ».Ce retour n’a pourtant rien de naturel. Il n’a rien, non plus, de très objectif. Dans les rivières du parc national des Cévennes, par exemple, l’administration réintroduit des castors au nom de leur « authenticité » ; les castors ont disparu de la région au XIVe siècle. En revanche, aucune opération de cette ampleur n’est menée pour pallier la disparition des perdrix grises ou des loups. Moins emblématiques ou plus dangereuses, ces espèces ont néanmoins disparu, elles, il y a à peine un siècle. Cette subjectivité de la chose authentique est encore plus criante quand on observe comment, en France, les responsables des parcs préservent ce qu’ils appellent le « caractère des lieux ». Ils rénovent les bergeries dites traditionnelles. Ils louent des terres aux agro-pasteurs qui, grâce à des loyers réduits, peuvent continuer de vivre sur place. Ils entretiennent les sentiers de transhumance et, au début de l’été, ils versent des subventions aux bergers qui acceptent de partir en transhumance à pied, et non pas en camion, comme cela se fait partout ailleurs dans le pays. Ils soutiennent financièrement l’artisanat local, et forment aussi de jeunes actifs à l’apprentissage de savoir-faire architecturaux soi-disant ancestraux. Bref, en France comme ailleurs, les gestionnaires des parcs font de la nature ce qu’ils croient qu’elle fut.Il n’en va pas autrement de l’autre côté de la Méditerranée.
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Ce genre de récits se diffuse partout sur le continent, à la faveur du Projet Spécial pour l'Afrique. Là où les Européens ont défriché la forêt, les Éthiopiens déforestent. Là où les Américains se sont adaptés à l'environnement, les Ghanéens dégradent. Là où les Occidentaux exploitent les ressources, les Africains les détruisent. Ces analyses reposent sur des représentations racistes. Mais les experts déploient un argumentaire à l'allure si rationnelle que leurs jugements deviennent des faits, et leur discours une vérité. Voici comment le colonialisme vert prend forme, au lendemain des indépendances. Après les théories racistes qui légitimaient le fardeau civilisationnel de l'homme blanc, l'heure est au colonialisme vert, né des théories déclinistes qui légitiment le fardeau écologique de l'expert occidental, dans toute l'Afrique.
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Ces extrémistes ne sont pas les seuls à se croire investis d’une mission. Selon d’autres médias, de nombreux experts internationaux souffriraient eux aussi d’une angoisse néo-malthusienne. Dans tous les pays du Sud, il leur faudrait sauver la nature avant que des habitants écologiquement irresponsables ne ladétruisent. À cet égard, la presse écrite s’attaque surtout au WWF. En 2012, dans PandaLeaks, le journaliste Wilfried Huismann révèle la contribution du WWF à des déplacements forcés de populations dans des parcs africains et asiatiques. L’association Survival Internationals’en prend à son tour au WWF, en 2016. Elle l’accuse de financer les campagnes militaires de l’État camerounais contre les habitants desforêts protégées dans le sud du pays. Buzz-Feed News et Mediapart dénoncent enfin un« colonialisme vert ». En 2019, ils affirment que le WWF forme et équipe les gardes qui frappent, violent et parfois abattent desfemmes et des hommes accusés de braconnage.
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Les Africains n’auraient aucune place sur leur propre continent. Ils seraient plutôt des intrus qui perturbent l’équilibre d’une planète verte. L’Asie n’est pas non plus en reste. En octobre 2019, Le Monde consacre un dossier à la montée de l’écofascisme. Le quotidien français revient notamment sur la tuerie perpétrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, par un militant australien d’extrême droite. Quelques minutes avant d’abattre 51 musulmans dans leurs mosquées, Brenton Tarrant publiait un manifeste sur les réseaux sociaux : « L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui necontribuons pas à la surpopulation. » Pourtous ceux qui, comme lui, se revendiquent « écofascistes », « il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement.
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Les Africains n’auraient aucune place sur leur propre continent. Ils seraient plutôt des intrus qui perturbent l’équilibre d’une planète verte. L’Asie n’est pas non plus en reste. En octobre 2019, Le Monde consacre un dossier à la montée de l’écofascisme. Le quotidien français revient notamment sur la tuerie perpétrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, par un militant australien d’extrême droite. Quelques minutes avant d’abattre 51 musulmans dans leurs mosquées, Brenton Tarrant publiait un manifeste sur les réseaux sociaux : « L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui necontribuons pas à la surpopulation. » Pourtous ceux qui, comme lui, se revendiquent« écofascistes », « il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement.
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Face à un même type d'espace agro-pastoral, l'un en France, l'autre en Ethiopie, l'Unesco livre donc deux histoires radicalement différentes. La première est européenne : elle décrit l'adaptation de l'homme à la nature. La seconde est africaine : elle raconte la dégradation de la nature par l'homme. (p39)
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Car gouverner la nature africaine, c'est bel et bien diriger les territoires et les habitants d'Afrique.
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La réalité est choquante, mais les archives ne mentent pas : les institutions internationales ne protègent pas la nature africaine, elles protègent une idée coloniale de l'Afrique. (p.217)
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