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Critique de JIEMDE


« Prenez garde, vous qui quittez les confins pour une terre inconnue, à l'instar des Romains, parce que vous n'êtes pas des légionnaires et que personne ne racontera votre histoire, vous n'êtes que des gamins. »

Et pourtant, la voilà cette histoire – vraie - des 315 de la Corogne qui quittèrent l'Espagne à bord du Villa de Neda, un Jeudi Saint, pour aller quérir fortune de l'autre côté de l'océan en cultivant la canne et son sucre.

Dans Azucre, Bibiana Candia – traduite par Claude Bleton et Émilie Fernandez – ravive la mémoire d'Oreste, Bigorne, Bordenface, le Tubard, José le Croqué et les autres.

Des hommes fuyant la misère, abandonnant un frère, une mère, une épouse dans l'espoir d'un avenir meilleur, d'une fortune assurée et d'un retour dans la gloire de celui qui a réussi. Des hommes résistant à une traversée durant laquelle la mer leur fait payer leur naïveté.

Et un matin, la terre promise : « Voici Cuba, mes chers petits, maison de Dieu. » Et un accueil prometteur qui fait d'un coup oublier les tempêtes, la faim, la maladie. « Incroyable l'effet que peuvent avoir quelques vêtements propres sur un pauvre. » Un répit, avant l'horreur…

Azucre est un livre hommage à tous ceux qui croyant l'herbe plus verte ailleurs, ont tout lâché pour quitter la misère ou sauver les leurs, avant de tomber au mieux dans la désillusion, au pire dans les entrailles de l'esclavagisme.

Dans un style épique et sensible, Bibiana Candia réussit à trouver le ton juste pour glorifier la quête des tous ces hères, sans tomber dans le pathos misérabiliste. Ses héros sont nus, battus et malades, mais ils sont beaux, fiers et respectables dans leur tragédie.

« Nous sommes d'un coin qui ne nous aime pas, qui nous maltraite et nous refuse tout, peut-être que notre terre nous déteste ? Et Dieu ? S'il existe, il y a belle lurette qu'il ne nous écoute plus. »
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