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Critique de jamiK


J'avoue, j'ai crié au loup en parlant de cette collection, mais je suis souvent intransigeant concernant les biographies de peintres et je ne supporte pas qu'on nous fasse croire qu'un peintre est un grand peintre parce qu'il a couché avec sa tante ou sa bonne.

Ici, ça n'a rien à voir, cette histoire raconte que Goya est un grand peintre et qu'il couche avec sa bonne… Comment ça, c'est exactement ce que je dénonce, mais vous n'écoutez pas ! Ce n'est pas parce qu'il couche avec sa bonne qu'il a du talent ! Il n'est nullement question d'une prétendue analyse psychanalytique, sinon je vous garantis que vous n'auriez pas vu beaucoup d'étoiles scintiller au-dessus de cette critique !

Déjà, le graphisme est loin d'être académique, il fait penser à du Christophe Blain : trait brut, coup de crayon frénétique, énervé, couleurs brunes, un peu glauques, sales, mais pourtant lumineuses. Il y a de l'énergie et de l'effervescence comme dans l'oeuvre de Goya.

L'histoire raconte son séjour à la Quinta del Sordo (1819-1823), la période de sa vie où il a peint ses fresques noires, dont le terrifiant “Saturne dévorant un de ses fils”.

Les auteurs présentent le peintre comme un vieil homme lunatique, acariâtre, autoritaire, voire cruel, un génie, peut-être bien, mais sûrement pas celui de la sympathie et de la sociabilité. le récit se concentre surtout sur les relations du vieil homme avec la fille de sa maîtresse, Rosario. Ça n'a rien de biographique, on est dans la fiction, vous n'apprendrez sans doute pas grand chose sur le peintre, sa vie, son oeuvre, pourtant ce récit est plein d'enseignements bien plus notables. Il s'agit avant tout d'un récit sur le rapport entre la vie et la peinture, ce qu'il est important de remarquer, c'est ce lien entre l'humeur de l'artiste et sa création. On peut qualifier Goya de précurseur du romantisme, hors, dans cette période de l'histoire de l'art, les états d'âme de l'artiste entre en compte dans son travail, il devient lui-même sujet de son oeuvre — je ne parle pas d'autoportrait mais de travail introspectif — or il y a une certaine folie dans le personnages et dans les tableau de cette période, on sait que Goya s'était empoisonné avec les métaux lourds contenus dans ses peintures.
C'est une histoire fictive, mais une histoire de peinture, expressive, violente et viscérale, c'est sans doute la bonne façon de parler de Goya. Les auteurs se sont même permis une interprétation sur son très étrange tableau intitulé “Le chien”, sans doute farfelue, mais tellement juste dans la vision de l'acte de création.
C'est évidemment une vision fantasmée de cet artiste, mais une vision réelle de l'artiste romantique, tourmenté, un peu fou, qui raconte comment de Goya on est arrivé à Dali, qui raconte ce qu'est réellement la peinture de cette période.

C'est une bande dessinée assez troublante, loin d'une biographie insipide et rigoureuse. J'ai aimé ce parti pris, cette prise de risque et cette fantaisie iconoclaste.
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