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Critique de Auxpagescornees


"Uspallata est apparue avec l'automobile. Quant à moi, j'ai vu le jour grâce au nombril de Dieu"

« le nombril de Dieu » est le joli nom donné au profond nid-de-poule de la nationale 7 qui traverse Uspallata, un village argentin situé le long de la Cordillère des Andes. Alors que cette chaîne de montagnes en fait rêver plus d'un, les habitants la maudissent et construisent leurs maisons dos aux sommets. Jonas lui au contraire est passionné par ces massifs qu'il côtoie grâce à son métier: pilote d'hélicoptère chargé d'opérations de sauvetage. Ce père de famille comblé nous entraînera dans l'une d'entre elles au refuge de Maravilla, où il rencontrera un personnage mystérieux appelé Jésus, contrôleur de frontières.

Ce roman est un livre de formules magiques. Alors que l'histoire est simple, voire prévisible, la narration m'a absorbée dès les premières pages aux côtés de Jonas sans jamais me lasser. Grâce à une écriture juste, fluide, j'ai pu partager sa réalité, ses paysages, ses émotions, ses questionnements. Mieux que le processus d'identification auquel nous sommes habitués, ici j'ai vraiment eu le sentiment d'accompagner cet inconnu, cet Autre qui me ressemble. Je ne sais quel est l'ingrédient secret qui m'a ensorcelée durant ma lecture, mais ce n'est pas seulement mon esprit qui était ailleurs, mon corps ressentait le froid, le vent, les vapeurs de l'alcool, les divagations,… J'ai même entendu le « remuement des chaises » annonçant la fin d'un déjeuner. Puis surtout, ce livre enferme en lui une petite perle verbale magnifique à la fin qui pour être savourée comme il se doit demande d'avoir accompagné Jonas tout le long.

Cette fiction nous renvoie au final à notre condition d'être humain: qu'est-ce qu'être vivant? Comment différencier la vie de la mort? Nous vivons peut-être dans ces boules de neige pour touristes, sans cesse bousculés par une force extérieure qui nous dépasse et nous transcende. Nous, à l'intérieur, nous sommes comme Jonas dans sa propre boule de plastique, son hélicoptère, nous pensons être aux commandes. Pour nous rassurer nous nommons même les montagnes. le langage nous donne des points de repères. Les objets nous aident à nous identifier. Ces points d'ancrage nous permettent de vivre dans notre illusion encadrée par une réalité construite. Pourrait-on réellement accéder à LA vérité, au sens de la vie, et continuer à se sentir vivant? Faut-il bannir notre faculté à s'illusionner ou la chérir ?
Lien : https://auxpagescornees.word..
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