On l'aura compris, ''L'Internationale'' est devenue le tube du mouvement ouvrier à portée universelle pour sa mélodie, même si la plupart des gens n'en connaissent que la première strophe.
La caricature comme la chanson participent à désacraliser la figure royale.
Un hymne, qu'il soit local, national, universel ou planétaire, est un moyen puissant de fédérer un collectif, de le souder émotionnellement et de lui donner du cœur à l'ouvrage dans la lutte, qu'on la mène poing levé ou ballon au pied. Or, jusque dans les années 1970, les femmes, en tant que groupe social spécifique menant ses propres combats, n'en ont pas. Avec le Mouvement de libération des femmes, né au tournant des années 1970, pour celles qui sont sans histoire et sans passé, le temps est venu de se lever, de semer les graines de la révolte, de s'émanciper. Et pour cela, il faut chanter.
SALUEZ, RICHES HEUREUX
[...]
Et sans pitié, l'on repousse ces braves
Après avoir rempli le coffre d'or
Les travailleurs ne sont que des esclaves
Sous le courroux des maîtres du trésor.
Le front est aussi le territoire des inégalités, des luttes et des colères sociales.
Aisément mobilisable et adaptable, entonnée à l'unisson dans les manifestations, la chanson possède un redoutable potentiel militant. Le chant revêt également une fonction cathartique, permettant de mettre des mots sur des maux, d'exorciser le cafard ou la dureté du quotidien.
Ce carnet de chants pas comme les autres est écrit sur un ton enjoué et direct, propice à découvrir l'histoire de nos luttes en chansons
En 2018, le succès de la diffusion par Netflix de la série La Casa de Papel, dont les héros interprètent la chanson, fait redécouvrir «Bella Ciao» à un large public qui en ignorait le plus souvent l'origine. Les braqueurs de banque se substituent aux partisans, preuve que, pour un auteur, il est impossible de maîtriser la réception ou l'usage social d'un morceau ou d'empêcher son appropriation plus ou moins ''sauvage''... Reste que le message porté par la chanson garde toute son actualité tant il apparaît nécessaire de lutter contre toutes les formes de tyrannie, tout en conservant l'idée que les combats menés ne le sont jamais en vain.
Pour les Afro-Américains, le chant est une habitude lors des longues heures de travail en plein soleil. Il est l'occasion de perpétuer une forme transmise, par laquelle le groupe répond à l'appel d'un chanteur; c'est le « call and response », que l'on retrouve dans les spirituals comme « Go Down Moses ».
GO DOWN MOSES
LAISSE PAS TRAÎNER MON PEUPLE
[...]
Nous ne devons pas être toujours en train de pleurer et de gémir,
Et porter désespérés les chaînes de l'esclavage
Ce monde est une étendue désolée de malheur