Le débat sur les rapports du théâtre et de la politique est aussi vieux que le théâtre ... et la politique. Dès Aristote, et même bien avant, on en discutait avec les mêmes arguments, les mêmes rengaines qu'aujourd'hui. D'un coté on affirme que l'art est pure contemplation; de l'autre qu'au contraire l'art donne toujours une vision du monde en transformation : il est donc politique, puisqu'il montre les moyens d'effectuer ou de retarder cette transformation.
A l’origine, le théâtre était chant dithyrambique : le peuple libre chantant à l'air libre. Le carnaval. La fête.
Puis les classes dominantes s'en emparèrent et y établirent leurs cloisons. Elles divisèrent d'abord le peuple, en séparant les acteurs des spectateurs, les gens qui agissent de ceux qui regardent. Finie la fête !
Oui, c'est sans aucun doute la conclusion: "spectateur" est un mot obscène. Le spectateur est moins qu'un homme. Il faut l'humaniser et lui rendre sa capacité d'agir pleinement. Il doit être sujet, acteur, à égalité de condition avec les autres qui deviennent à leur tour spectateur. Toutes ces expériences de théâtre populaire non qu'un seul et même but: libérer le spectateur sur qui le théâtre a imprimé des images achevées du monde.