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Critique de fanfanouche24


Un trésor de livre, qui rend heureux…illumine de tous les feux de l'amitié…une rencontre unique qui a transformé l'existence de Robert Bober…qui rend cette « grâce » par une Lettre inoubliale à l'Ami…disparu…

Juif ashkénaze d'origine polonaise , Robert Bober, autodidacte, nous raconte ses racines, sa famille , son peuple, L Histoire, la guerre, la persécution des juifs, mais avant tout ses rencontres, les êtres qui l'ont fait progresser, l'ont nourri intellectuellement, humainement . Et tous ces souvenirs, toutes ces évocations il les offre, les adresse à l'Ami, parti avant lui : L'homme du Livre…aux débuts de la télévision : Pierre Dumayet !

Pierre Dumayet, rencontre déterminante…. Robert Bober n'a pu faire d'études, et comme tant d'enfants en méfiance vis-à-vis de l'Ecole , pensait à tort que la lecture n'est faite que pour ceux ayant fait des études,alors ses rapports à la la lecture était « bien mal partie »…Pierre Dumayet bouleversera tout cela et sera comme une sorte de « mentor »…

Mais à partir de cette très belle rencontre et bouleversante complicité, quel parcours et quels talents développés par Robert Bober…au fil des années. Il nous décrit très simplement tous ses projets dont ses idées de cinéaste, de documentariste : projets concrétisés comme ceux auxquels il tenait, qui ont été refusés !

Quel beau texte, et à plus d'un titre : d'abord une lettre bienveillante, pleine de chaleur de Robert Bober, reconnaissante , admirative de l'Ami, le complice de tant d'années : Pierre Dumayet…Une ode flamboyante à ce trésor qu'est l'Amitié, mais aussi le parcours d'un homme peu banal, autodidacte , aux mille talents, et l'évocation pour nous de toute une époque incroyable, et parmi tout cela, les premiers pas de la télévision, et les initiatives originales, ingénieuses pour offrir les premières émissions culturelles, sur les Livres, entre autres, au plus grand nombre…dont celles , des plus marquantes de Pierre Dumayet…bien des années avant « la Messe du Vendredi soir » , comme on surnommait ensuite, nous autres,libraires, l'émission de B. Pivot, « Apostrophes »

« Et puis un jour- nous sommes alors en 1959-vous êtes là tous les deux, sur le petit écran comme on disait alors. Vous êtes là, assis l'un en face de l'autre parce que toi, Pierre, tu animais avec Pierre Desgraupes "Lectures pour tous", cette émission, la toute première dans laquelle on pouvait voir en gros plan les visages de ceux qui écrivaient des livres, et parce qu'André en avait écrit un : - le dernier des Justes-
Je ne vais pas raconter ici l'importance de ce livre, dire en quoi il était fondateur, inaugural. D'autres l'ont fait et, j'en suis persuadé, on continuera longtemps encore à le faire. Mais je voudrais essayer de te dire ce que j'ai appris ce soir-là en vous regardant, en vous écoutant.
C'est ce soir-là, j'en suis sûr maintenant, que j'ai appris à écouter les silences. Ceux d'André" étaient impressionnants. Comme s'ils permettaient aux mots de ne pas s'égarer. » (p. 37)

Il y aurait mille choses à dire, souligner dans ce livre fabuleux… Toutefois, comme tous les « accrocs » du Livre, de la Littérature et de la lecture, et comme Libraire de carrière , de coeur, je souligne plus exclusivement ce qui touche à la personnalité de Dumayet, ayant tant fait pour rendre La lecture pour le plus grand nombre, aussi simple et vital que …de « respirer » ou « manger »…
Personnellement , je me souviens, entre autres d'une émission qui m'a frappée, axée sur la lecture de « Poil de Carotte » de Jules Renard, où Dumayet avait invité un jeune lecteur, rouquin, pour avoir au plus près, les émotions du jeune garçon , ayant déjà quelque communauté de situation avec le « personnage » de Jules Renard
Pierre Dumayet parlait avec ferveur, et de façon insatiable des écrivains, des textes, de la Relecture…
" Relire est aussi naturel qu'aimer, dis-tu, Pierre. Les personnes qui n'aiment pas relire les livres qu'elles ont aimés me font penser à un fat qui dirait d'une femme : je l'ai déjà lue". (p. 238)

Une très vive reconnaissance à la sensibilité et au talent magnifique de Robert Bober [qui, je dois avouer , avec quelque gêne, je découvre bien tardivement avec ce texte !! ]
Un immense MERCI à Olivia de Lambertie qui a parlé avec tant de « feu et talent » de cette pépite de livre , et m'a offert, ainsi qu'à d'autres auditeurs (j'imagine !) ce moment de grâce et d'humanité rare !

Un moment unique de bonheur de lire ; une (des) rencontre (s) ne pas manquer , car ce trésor de livre appartient à ceux que je préfère : ceux qui amènent à d'autres livres, d'autres rencontres, d'autres « nouveaux amis »…que l'on est heureux de croiser sur son chemin…J'achève ce trop superficiel billet par un extrait éblouissant…qui est à l'image de cette lettre-hommage: Lumière et ouverture maximale des horizons et des curiosités !

« Ecoute ce texte, Pierre :
"Que tirerons-nous de ces questions ? Que tirerons de toutes les réponses qui nous entraîneront à poser d'autres questions, puisque toute question ne peut naître que d'une réponse insatisfaisante ?
- La promesse d'une nouvelle question. "

C'est dans- le Livre des Questions- d'Edmond Jabès.” (p. 177)

***J'ai omis un élément non négligeable de ce livre captivant... il est abondamment illustré de photos anciennes, de lettres, de tableaux, d'archives diverses, qui augmentent l'émotion de l'ensemble de ces souvenirs, réminiscences de rencontres marquantes, etc.


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