Merci à Babelio, via sa Masse Critique, et aux Editions Flammarion de m'avoir offert le livre de Bérengère de Bodinat.
Qu'il est difficile d'écrire une critique au sujet de ce récit.
D'abord car il n'est, d'après moi, pas de pire drame que celui pour un parent de perdre son enfant - que le jeune parte avant le vieux n'est pas dans l'ordre logique des choses - et, ensuite, de quel droit me permettrais-je d'émettre une critique (même littéraire) sur un drame que je n'ai (égoïstement, heureusement) pas vécu. Mais, bon, c'est le principe de Masse Critique - un livre en échange d'une critique - donc je vais m'y plier.
Dès le départ, le lecteur comprend la démarche qui anime celle de l'auteur: partager sa dramatique expérience, expliquer comment elle a surmonté cette tragédie et l'a transcendée après de nombreuses années.
La plume est intelligente, prenante et empreinte d'énormément d'amour.
La première partie concerne, assez logiquement, la mort d'Adrien et, ma plus jeune fille ayant un peu moins de 4,5 ans, elle m'a, évidemment, fait verser un torrent de larmes.
Personnellement, telle la soeur - J. - de l'auteur, j'ai une peur panique de l'eau en présence d'enfant(s). Rappelons que la noyade représente, en France, la première cause de mortalité par accident domestique chez les enfants de moins de 14 ans.
Les parties suivantes sont consacrées à la quête de la vérité, le travail de deuil et la recherche de l'apaisement.
Je dois dire que une multitude de thématiques m'ont profondément intéressée et bouleversée. Sans toutes les citer, je retiendrais: l'éternelle culpabilité de l'entourage - que ce soit les parents, grands-parents, oncles, tantes et la soeur d'Adrien - face à un tel accident domestique, le fait que l'auteur ne sache jamais quelle réponse donner à "combien d'enfants avez-vous?", la peur de la mère d'oublier un jour l'image, le visage de son enfant ainsi que le silence maladroit de l'entourage familial et amical.
Par contre, il est d'autres thématiques abordées par l'auteur qui m'ont moins convaincue.
Telle celle répétée plusieurs fois par
Bérengère de Bodinat qui veut qu'Adrien était comme programmé pour rester si peu de temps sur terre. Ou encore qu'elle est persuadée, suite à des rêves prémonitoires auxquels un sens est donné après la mort de son fils, que s'il ne s'était pas noyé, il serait mort durant l'opération bénigne qui était programmée. Ou, encore, le fait qu'elle est convaincue que son fils, également, savait qu'il allait mourir. J'avoue ne pas adhérer mais, encore une fois, je n'ai pas vécu ce deuil et peut parfaitement convenir que le parent survivant cherche une explication à la disparition de son enfant.
Enfin, il est des thématiques auxquelles, en tant que sans doute trop cartésienne, je n'ai pas adhéré du tout. Telles les signes envoyés par les morts aux vivants (que ce soit une chose "rationnelle" comme une chouette ou d'autres moins rationnelles, plus surnaturelles dont le fameux objet contenu dans la boîte rouge), le fait que retenir par notre chagrin les morts entre deux mondes leur est préjudiciable, etc.
En résumé, cette histoire est une incroyable histoire d'amour, une leçon de vie en terme de "faire son deuil" et rebondir, même si les moyens mis en oeuvre par
Bérengère de Bodinat, afin de retrouver une sérénité au quotidien, ne correspondent, sans doute pas, à ma personnalité et mon tempérament.