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Critique de jmb33320


« Ses sujet abondent en héros prédestinés, en scientifiques fous, en clans ou tribus cachés qui à un moment donné doivent apparaître au grand jour et combattre d'autres tribus cachées, en sociétés secrètes d'hommes vêtus de noir qui se réunissent dans des ranchs perdus dans la plaine, en détectives privés qui doivent rechercher des personnes perdues sur d'autres planètes, en enfants volés et élevés par des races inférieures pour, parvenus à l'âge adulte, prendre le contrôle de la tribu et la mener au sacrifice, en bêtes cachés et à l'appétit insatiable, en plantes mutantes, en planètes invisibles qui tout à coup deviennent visibles, en adolescentes offertes en sacrifices humains, en villes de glace habitées par une seule personne, en cow-boys qui reçoivent la visite des anges, en énormes mouvements migratoires qui détruisent tout sur leur passage, en labyrinthes souterrains où pullulent des moines guerriers, en complots pour tuer le président des Etat-Unis, en vaisseaux spatiaux qui abandonnent la Terre en flammes et colonisent Jupiter, en sociétés d'assassins télépathes, en enfants qui grandissent seuls dans des cours obscures et froides. »

Cette (longue) phrase est extraite de la notice biographique et bibliographique d'un certain J.M.S. Hill, né à Topeka en 1905 et mort à New-York en 1936, une parmi celles d'une trentaine de ces écrivains américains (du nord mais aussi, pour la plupart du sud) imaginées par Roberto Bolaño dans ce roman à dispositif.
J.M.S. Hill est censé avoir écrit, en seulement douze ans, plus de trente romans et cinquante nouvelles. En apparence les notices se succèdent, regroupées parfois par origine géographique des auteurs, parfois par similarités de genre ou de style. Il y a des poètes, des romanciers, des essayistes et des journalistes. Mais tous et toutes ont en commun des convictions fascistes qui débordent largement dans leurs vies erratiques.

Cette accumulation, jouissive, de notices telles qu'on peut en lire dans les journaux à la mort d'un écrivain, devient totalement un roman à sa toute fin. Pour aborder le cas de l'infâme Carlos Ramirez Hoffman, de rédacteur jusque-là invisible, Roberto Bolaño se fait narrateur à part entière. Mais n'oublie pas les annexes qui donnent au roman un air universitaire (index des auteurs et des oeuvres).

Evidemment toutes ces trouvailles ont que quoi donner le tournis ! Mais comment rester insensible à l'incroyable intelligence et au style flamboyant de Roberto Bolaño ? Je poursuis donc mon projet de lire petit à petit tout ce qu'il a écrit, tant son univers baroque est pour moi, et pour bien d'autres, une expérience de lecture à nulle autre pareille.
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