AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apoapo


Chacun connaît la loi du fusil de Tchekhov.
Imaginez maintenant un ouvrage dans lequel le procédé aurait été délibérément inversé, en lançant presque à chaque page une multitude de pistes narratives sans lendemain.
Envisagez ensuite qu'il y ait, dans cette kyrielle, une intention de créer un climat dérangeant et nauséeux de gêne, de crainte, de suspicion, de menace – ingrédient de certains polars – qui, lui aussi, est frustré par la procrastination et enfin par le manque d'événement. La première action – et la plus significative – se déroule à plus d'un tiers du livre. le sentiment de malaise, lui, est permanent.
Figurez-vous à présent un nombre réduit de personnages, dont certains aux noms énigmatiques (le Brûlé, l'Agneau, le Loup) qui n'atteindront jamais, eux non plus, la consistance minime indispensable à dénouer ne serait-ce que leur propre énigme ; ces personnages, et même tous les personnages, ont croisé le parcours du narrateur – pendant son récit ou non – et s'en éloignent de différentes manières (sortie de scène, au théâtre), même dramatiquement, sans que cela provoque un dénouement quelconque chez le protagoniste. D'ailleurs ce dernier ne fait guère exception : à la fin du roman, les hypothèses sur sa personnalité et sur ses motifs s'avèrent infondées.
Songez encore à un jeu de guerre sur plateau, éponyme du roman, qui commence à avoir du poids seulement à partir de la moitié de celui-ci, mais dont il serait vain de chercher des correspondances avec la fabula – c'eût été trop satisfaisant pour le lecteur… - même lorsqu'une liste de plus d'une page (328) de noms et surnoms de généraux nazis (réels ou imaginaires ? je n'ai pas eu le coeur de vérifier…) est jetée en pâture sans suite et sans raison. le déroulement du jeu ne reproduit ni des étapes textuelles (lesquelles ?!) ni celui de la véritable Seconde Guerre mondiale.
Croyez enfin que l'idée faite miroiter par la quatrième de couverture, sur « […] les formes étranges que peut prendre le nazisme ou l'idée que la culture – les jeux ou la littérature – se confond avec la réalité », je ne l'ai pas aperçue, et si bien même elle avait été abordée, elle aurait été NOYÉE dans une chaude mer d'insignifiance…
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}