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Critique de lebelier


Comme à l'accoutumée et avec grand renfort de documents voire d'expériences vécues, François dresse une fresque sur les groupes et chanteurs majeurs des années 60-70.
Tout part ici de ce fameux concert de mai 1975 à l'Earl Court de Londres auquel l'auteur se rendit avec des amis depuis son Anjou natal dans « une Opel Kadett brune ». Puis c'est la fascination immédiate pour cet ange blond, chemise ouverte sur torse velu (Robert Plant), ce guitariste empli des riffs les plus fabuleux (Jimmy Page), ce bassiste-organiste discret et efficace (John Paul Jones) qui colle si bien à la frappe de bûcheron de ce batteur monolithique (John Bonham).
Et c'est justement par ce batteur que l'on commence, John Bonham, des environs de Birmingham – qui, avec Robert Plant, représente l'envers « prolétaire » du groupe – mort le 25 septembre 1980 et qui mettra fin au groupe tant il en constituait l'alchimie. Pourtant, quand Jimmy Page le voit sur scène et veut absolument le recruter, John Bonham n'y croit pas trop : il veut bien « dépanner » sur une tournée mais pas plus. Car le groupe s'est formé sur les ruines des fameux Yardbirds dans lequel défilèrent quelques guitaristes qui s'y sont fait les riffs et ont depuis laissé quelques traces : Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page. Et puis il y a bien sûr quelques anecdotes : ainsi l'origine du nom du groupe « Lead Zeppelin » [de l'anglais « lead » (prononcé « lède »), le plomb] viendrait d'une plaisanterie de Keith Moon, batteur des Who, voit tomber le « a » de Lead sous l'influence de Peter Grant.
La lecture se fait donc au gré du temps et des albums (en tout huit), François Bon s'ingénie à brosser le portrait de chacun des membres du groupe. D'abord il y a John Bonham, celui qui apprend la batterie dans une caravane puis finit par demander des modifications techniques aux fabricants qui s'empressent de lui faire essayer gratuitement ; Jimmy Page qui apprit la guitare par hasard, parce qu'il s'ennuyait dans la maison de ses parents et qu'un visiteur l'a oubliée un jour et qu'à la radio passait un morceau d'Elvis que Jimmy se mit en devoir de vouloir reproduire. Ce qui le conduira à devenir un musicien professionnel dès 16 ans, un de ces fameux « requins de studio ». C'est aussi le cas de John Paul Jones, le bassiste-organiste, qui lui vient d'une famille de musiciens saltimbanques et qui n'est pas toujours pour rien dans la création zeppelinienne : arrangeur de cordes, pianiste et bassiste émérite, on lui doit le riff d'entrée du fameux Black Dog qui ouvre le Led Zeppelin IV.
A force, tout ce beau monde se croise dans les studios et finit par jouer ensemble. On notera que souvent des parties de guitares dans les albums des grands groupes comme les Rolling Stones sont de Jimmy Page. On sait aussi que John Paul est le pianiste qui officie sur leur fameux « She's Like a Rainbow .» Quant à Robert Plant, il est recruté un peu comme Bonham, parce que sa voix de bluesman a fait le tour de l'Angleterre et du monde du rock et que Jimmy Page le voit sur scène et repère son potentiel.
Ainsi va le livre, François Bon part dans le passé, revient à ce qu'il appelle les « horloges », temps forts de cette aventure du rock, où les dates sont marquées et marquantes, zoome avant et arrière, explique la composition de telle ou telle chanson, l'ambiance de tel ou tel album, de tel ou tel concert, toujours sous la houlette du massif Peter Grant, producteur et organisateur en chef secondé par le fameux Richard Cole qui entraîne souvent l'excessif Bonham dans des frasques sexuelles, alcoolisées et emplies de drogues diverses. On peut expliquer la prise de drogues par le nombre des tournées, la pression croissante et les marathons surhumains des concerts qui durent jusqu'à trois heures de temps. C'est aussi l'époque où l'on ruine les chambres d'hôtel, où l'on fait scandale, où l'on saccage et où l'on finit par être interdit ici et là. Mais tous les excès n'ont eu guère qu'une issue pour les deux batteurs les plus fous et géniaux de ce monde trépidant, Keith Moon et John Bonham, même destin à deux années d'intervalle. Dans la légende aussi, on apprend que Jimmy Page avait racheté la propriété d'Aleister Crowley, le sulfureux écrivain occulte du début du siècle dernier et qu'il reste fasciné par le personnage allant jusqu'à racheter à prix d'or les manuscrits le concernant. le rock et les déviances occultes et diaboliques ont toujours fait bon ménage. Encore est-ce un signe des temps ?
Mais ce qui est, à mon sens, fascinant c'est l'aspect technique de composition et d'enregistrement de cette époque. Par exemple, dans Headley Grange, vaste manoir anglais, on place la batterie au centre et on décale les micros ; Jimmy Page a besoin de faire fabriquer une double manche 12 cordes et 6 cordes pour interpréter Stairway to Heaven sur scène et pour la petite histoire se fait offrir une Fender Télécaster achetée en Californie par Jeff Beck et sur laquelle il joue le solo dudit Stairway .
En quelques albums et en 12 années de création intense, Led Zeppelin a rejoint le panthéon des grands groupes de rock. A cause des riffs acérés de guitare distordue, on les assimile au heavy métal, les considérant comme les inventeurs de ce courant. Mais à la lecture de cet ouvrage, on apprend mieux que les influences de Led Zeppelin sont diverses, copiant parfois les grands du blues (deux procès pour plagiat notamment de Willie Dixon pour Whole Lotta Love qui reprend ses paroles) mais aussi partant de cette alchimie qui fait un grand groupe et où chacun apporte : Jones, le classicisme, Page, le blues et le folk aux guitares accordées en DADGAD (Ré-la-ré-sol-la ré = accordage pour jouer Kashmir)), Plant les paroles issues de ses lectures de fantasy et Bonham le martèlement wothanien des vikings de ma chanson préférée : Immigrant Song dans l'album III.
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