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Critique de hrousset


L'ouvrage publié 2004 procède de la rencontre d'un éditeur exceptionnel par la qualité de reproduction des oeuvres et la présentation globale en coffret d'un ouvrage de presque 500 pages, grand format et d'un historien de l'art : Pascal Bonafoux, ancien pensionnaire de la Villa Medicis, professeur à l'université Paris VIII, et dont la passion pour l'autoportrait date de plusieurs décennies.

Voilà pourquoi ce Livre d'Art est un modèle du genre et restera longtemps la référence des amateurs.

L'autoportrait n'est pas tout à fait le portrait de l'artiste par lui-même, dont l'histoire est plus ancienne (Vasari), mais l'expression d'un « autre comme soi-même » qui se livre à travers un style qui fait que l'on reconnait l'auteur par la facture qui déjà est une identité reconnaissable, mais avec une présence faite de cet indicible qui est l'autre en chacun de nous, récit d'une vie. Jean Luc Nancy a intitulé ainsi une étude récente : « l'autre portrait ». C'est de ce mystère de l'être au monde dont nous parle cet ouvrage, qui nous parle ainsi et aussi de notre époque. Georges Semprun qui a signé une préface utilise les termes de « silence sonore » , en regard des autoportraits de Zoran Music.

L'autoportrait est bien un genre dont le mot figure d'ailleurs dans les dictionnaires du XXème siècle, d'où le choix historique.

La présentation est celle d'un « jeu de l'oie » , en 63 cases,(je de l'oie..),réunissant 540 autoportraits de 285 artistes du monde de l'art, avec toutes les techniques modernes : collages, graphitis, installations…La séquence des cases sur cette carte de l'humain ,en écho de la carte du Tendre ,se déroule selon le modèle de l'association libre chère aux psychanalystes, sans lien chronologique ,ou vraiment logique, avec chaque fois un commentaire inspiré de l'auteur dont l'érudition ouvre à des correspondances tendues entre le monde de l'imaginaire et de l'histoire de l'art. Une somme nourrie par l'expérience de l'auteur, une mine pour la réflexion…Citons quelques thèmes : visages, miroirs, leurres, sexe, travestis, masques…

En toile de fond de ce musée imaginaire, le temps qui passe, dont l'autoportrait nous restitue l'intimité des traces, ce que peut parfois faire la photographie, comme en témoigne Roman Opalka, mais si l'art de la photo peut traduire l'invisible, c'est à l'art et à l'artiste qu'on le doit, capable de rendre l'invisible visible. le selfie très en mode ne peut être que risible…à l'opposé de l'autoportrait, dont cet ouvrage qui n'a pas d'équivalent rend compte.

A le parcourir on pense aux plus grands visionnaires du sens et de la vocation de l'Art : Malraux, René Huygue …Un classique donc…

Hugues Rousset
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