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Critique de larmordbm



Dans les années 80, Pascal Bonafoux, historien de l'art et auteur d'une thèse consacrée à l'autoportrait dans la peinture occidentale, fait la promesse à Jacqueline Picasso de réunir et de travailler sur l'ensemble des autoportraits réalisés par Pablo Picasso.
Il mettra près de quarante ans pour conduire cette recherche.
Dans cet ouvrage sont présentés 170 autoportraits, sur les 181 recensés par l'auteur dans sa documentation, qui ont jalonné l'ensemble de la carrière de l'artiste, de 1894 -il avait 13 ans- jusqu'en 1972, un an avant sa mort.
Ces autoportraits, au crayon, à l'encre ou peint à l'aquarelle ou à l'huile, photographiés, de toutes tailles, de face ou de profil, le représentant seul ou avec d'autres, sont d'une variété et d'une richesse créative inouïe. Ils reflètent l'étendue du génie de l'artiste, ainsi que la diversité et la profondeur des recherches artistiques qu'il conduisait sans relâche et sans jamais reproduire ce qu'il savait faire.
Ils accompagnent les grandes périodes de l'artiste, bleue, rose, cubiste mais Picasso refuse de se laisser enfermer dans des cases et il revendique de travailler pour le présent, accordant de l'importance aux ruptures qui fondent la permanence de son oeuvre.
Pascal Bonafoux n'affiche pas de certitudes ; il nous propose, sur la base de nombreux témoignages et écrits, un questionnement qui donne des éclairages et des pistes de réflexion sur les productions et les motivations du peintre.
Sa démarche est-elle autobiographique ? Que cherche-t-il au travers de ces multiples représentations de lui-même ? S'agit-il d'une recherche de vérité et d'authenticité ou d'une entreprise de travestissement qui lui permet de jouer différents rôles et de se cacher sous des masques qui rappellent l'art africain ?
Qui sont les doubles représentés sur la toile ? Lui ou un autre ?
S'agit-il de nous renvoyer à notre solitude, comme le préconisait Fernando Pessoa pour qui l'art est un isolement ?
Ce que nous retiendrons avant tout de ces autoportraits , c'est le regard dont s'est doté Pablo Picasso, avec deux yeux souvent dissemblables ; un regard droit, halluciné, qui transperce la toile et nous transperce également.
Tout le mystère Picasso est dans ce regard.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour m'avoir fait découvrir ce très beau livre.



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