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Critique de christinebrignon


Pour Patrie d'espace
Francis Carsac (1962)
Rééd. L'Arbre vengeur 2020

Tinkar tombait entre les étoiles. Partout, autour de lui, au-dessus de lui, sous lui, l'infini, leurs points lumineux brillaient impassibles. Il tournoyait en tombant et voyait passer la Voie Lactée, comme une zone de feu glacé. L'instant d'un éclair, il entrevoyait le nuage de gaz qui était tout ce qui restait de son astronef.
Tinkar, victime du sabotage de son astronef, échoue à remettre un message de l'Empire à l'amiral de la 7e flotte sur Fomalhaut IV. Alors qu'il se sent mourir, il est recueilli par un vaisseau qui passait à proximité et se trouve confronté à une civilisation nomade qui ne fait que voyager entre les étoiles. Celle-ci est issue des scientifiques et techniciens, persécutés par l'Empire, qui ont fui la Terre il y a plusieurs générations. Leur mode de fonctionnement est complètement différent de ce qu'il a toujours connu, arraché très jeune à ses parents pour devenir un Garde Stellaire inféodé à la dictature de l'Empire. Il règne dans le vaisseau Tilsin une sorte de libéralisme social et économique où les Planétaires peuvent être recueillis mais restent méprisés.
Pour des raisons mystérieuses, le Teknor de l'astronef (directeur technique), semble l'apprécier et lui a remis pour sa vie quotidienne dans le vaisseau une accréditation égale à celles des Stelléens et donc supérieure à son statut de Planétaire. Ayant à subir de régulières humiliations et vexations au début de son séjour, il trouve cependant quelques alliances, notamment féminines, et finit par se rendre compte que pour lutter contre l'ennemi héréditaire des Stelléens, les Mpfifis, une race humanoïde et sadique, on attend de lui qu'il livre les plans du traceur intersidéral, une technologie qui permettrait de se défendre efficacement contre eux. Tinkar, bridé par son conditionnement militaire, résiste. Il va alors se sentir attiré par une communauté religieuse qui vit en harmonie avec les Stelléens sur le vaisseau : les Pélerins.
Que va-t-il advenir de lui ? Restera-t-il sur le vaisseau stelléen ? Se liera-t-il durablement avec une de leurs femmes ? Retournera-t-il sur Terre ?...

Au niveau de la psychologie pure, on voit Tinkar se débattre entre les contradictions de son formatage de soldat et de nouvelles règles et codes qu'il a du mal à assimiler : son questionnement à propos du traceur (doit-il le livrer ou pas et avec quelles conséquences ?) et son incertitude amoureuse face à des femmes très différentes qui le convoitent toutes trois pour elles seules.
D'un point de vue sociologique, on remarquera le développement d'une utopie démocratique où chaque Stelléen est tenu de travailler deux heures par jour pour la communauté en échange d'un salaire qui peut s'apparenter au revenu universel – en question actuellement – et reste libre de développer ses compétences individuelles (ou pas) le reste de la journée.
Ce roman est un petit bijou de ce qu'on appelle l'Âge d'Or de la Science-Fiction, française de surcroît. de son vrai nom François Bordes, Francis Carsac (1919-1981), paléontologue de métier, se place dans la lignée des grands auteurs américains tels que Arthur C. Clarke, Poul Anderson, Robert A. Heinlein ou encore pour la SF française, de Joseph H. Rosny Aîné et développe des intrigues de « Space opéra » qui se soucient de crédibilité scientifique – voir aussi Ce Monde est nôtre, du même auteur et du même éditeur, chroniqué dans Gandahar 14).
J'ai personnellement beaucoup apprécié l'épisode de la planète sauvage qui comporte de très belles pages ainsi que le dialogue de fin entre Tinkar et le Teknor qui reflète la hauteur du vue de l'auteur . On pourra lire, en préface de cette réédition de l'Arbre vengeur, l'excellent article de Laurent Genefort : « Un os lancé dans l'espace », titre approprié s'il en est. CB

Chronique parue dans Gandahar 26 en décembre 2020



Lien : https://www.gandahar.net
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