Je veux qu’il y ait un faux Dali avec une vraie signature de Dali, dans chaque épicerie des cinq continents, depuis Santiago du Chili jusqu’à katmandou.
Savez-vous pourquoi Dali est contre la peine de mort ? Il me l’a dit l’autre jour. C’est parce qu’il est partisan de la torture, une très longue torture.
Plus mes ennemis sont sots, et plus je m’efforce de les combler d’honneurs terrestres. Un maximum de noblesse pour les salauds !
…
Je tiens à me conduire avec beaucoup de déférence envers mes ennemis. D’ailleurs, plus Le Corbusier est mort et plus je suis vivant !
Le thermomètre du succès n’est que la jalousie des insatisfaits.
- Vous trouvez ce genre d’activité commerciale digne d’un peintre ?
- Du temps de la Renaissance, ce fut toujours le cas. Léonard de Vinci faisait du jardinage. Il a dessiné les jarretières pour les Suisses de la garde papale. Il a dessiné une foule d’objets quotidiens. Moi, mes amis se sont tous révoltés lorsqu’il y a vingt-cinq ans, j’ai dessiné des cravates et des tapis. On a crié au scandale. On a dit : « Dali se prostitue à dessiner des cravates. » Je pense qu’ils étaient jaloux tout simplement de n’avoir pas fait l’objet des mêmes offres. Dix ans plus tard Joan Miro, Picasso et consorts se sont mis à leur tour à dessiner des moquettes, des nappes, des assiettes et mille objets moins nobles.
La presse américaine, qui le taquinait sans ménagement, disait déjà de lui : « Dali était un peintre, avant de devenir un spectacle ». Parfois, elle ajoutait, non sans raison : « Dali était un peintre, avant de devenir une marchandise. » Masochiste comme beaucoup de surréalistes, ces reproches acerbes le réjouissaient.
Chez Vermeer, il y a eu une exacerbation et une angoisse terrible à parfaire et parfaire encore ce qui est déjà parfait. Il a peint et repeint, et encore repeint sa toile pour la corriger jusqu’à l’extrême limite de ses possibilités. Il atteint alors à ce miracle pour lequel les mots ne peuvent rien.
(Vermeer_Vue de Delft)
- Que pensez-vous de Ribera et de Zurbaran ?
- Ils sont avec Vélasquez les trois plus grands peintres espagnols. Là-dessus, je suis en complet accord avec vous. Je trouve comme vous que Goya est trop caricatural, et que si la caricature prédomine dans une œuvre d’art, elle en accuse toutes les faiblesses. Aujourd’hui, un Goya peindrait comme Bernard Buffet.
AB. Vous oubliez le viol de la Flandre par l’Espagne, dix ans avant les œuvres de Bosch. Sans ce déferlement des troupes espagnoles sur la Flandre, avec toute la sauvagerie de vos compatriotes, il n’y aurait pas eu de Jérôme Bosch. Vous ne nierez pas que Philippe II aimait de façon passionnée ces tableaux flamands.
SD. Philippe II aimait les esprits torturés c’était dans sa nature érotique.
SD. Dali n’éprouve jamais aucune émotion devant une œuvre d’art.
...
Mon émotion… Je ne sais pas ce que cela peut bien signifier. Je ne suis ému par rien, même dans la vie. Je ne suis pas même ému par ma propre vie amoureuse.
...
Par exemple, si je prends un verre au Café de Paris et que passe une fanfare militaire avec des drapeaux, soudain j’éprouve une espèce de petit frisson –l’émotion dont vous parlez- qui me fait dégringoler au niveau de tout le monde.
...
Les effets physiologies ne sont pas des valeurs en soi.