Lorsque je découvre Ewilan, j'ai 32 ans.
Sur la recommandation de plusieurs amis, de l'impact que l'écriture de
Pierre Bottero a pu avoir sur eux, je me dis que l'idée de commencer La Quête d'Ewilan ne peut être une mauvaise idée.
En me lançant dans la lecture, je sais devoir m'attendre à de la littérature jeunesse. Aucun problème me dis-je alors, nous sommes en mai et depuis le début j'ai relu les cinq premiers tomes de la saga Harry Potter, en terme de litté jeunesse, normalement je suis rodé en ce moment.
Et pourtant, là où je ne ressens presque pas le caractère jeunesse dans l'écriture de Rowling, probablement pour tout un tas de raisons (le fait de les avoir déjà lu et relu, d'avoir vu la saga adaptée au cinéma et de la connaitre sur le bout des doigts à part les passages les plus obscurs), c'est loin d'être le cas pour Ewilan.
Que l'on s'entende bien, j'ai terminé le premier livre en deux jours (ce qui est assez rapide pour moi) et je ne suis pas allé jusqu'au fait de me demander si je devais refermer le livre avant d'avoir atteint le point final. Toutefois, cela ne serait constitué un plein gage de qualité à mon sens. A la sortie de cette lecture je ne peux m'empêcher de penser que je ne suis plus tout à fait la cible de ce type d'ouvrages (alors que je pense encore l'être, preuve étant ma lecture récente d'Harry Potter).
Alors pourquoi cet état de fait ? Pourquoi ce ressenti chaotique et la question de savoir si je vais continuer la lecture de la saga ou non ?
Prenons les personnages.
Ewilan et Salim en premier lieu.
Salim tout d'abord. Celui qui me semble avoir le plus la marque de la litté jeunesse dans sa manière de s'exprimer. Des "ma vieille" à tout bon de champ pour s'exprimer à quelqu'un de son âge, des semblants de blague et running gag qui ne fonctionnent absolument, et je ne saurais trop stresser l'importance du absolument, pas du tout sur moi. Ajouté à cela un intérêt plus que faible au sein de l'histoire, en dehors de ses capacités en gymnastique et vous obtenez un personnage secondaire assez fade, voire caricatural.
Ewilan, quant à elle, ne passe pas sous le cliché du personnage principal de tout bon univers de fantasy. Décrite comme incroyablement belle, incroyablement intelligente, aux iris violettes (arrêtons avec ça, comment une personnage aux iris violettes pourraient vivre normalement dans notre monde !), elle coche toutes les cases pour permettre aux jeunes lectrices de s'imaginer en tant que princesse dans un monde merveilleux, les attendant sur un pas de côté. Sur cet aspect, néanmoins, je ne sais pas si la date de parution de l'oeuvre ne joue pas en sa défaveur. Je ne saurais dire si les deux décennies qui nous séparent de sa première parution n'ont pas cimenté le paysage de la fantasy pour jeunes adultes de tous ces clichés. J'aurais donc tendance à conserver un peu plus de sympathie à l'égard de ces choix, même si cela n'aura pas manqué de me faire lever les yeux au ciel.
En terme d'histoire à présent, le monde écrit par
Bottero est effectivement bien construit et somme toute immersif, sans pour autant qu'il ne me fasse tomber de ma chaise (pour le moment en tout cas). La base des pouvoirs d'imagination est une idée intéressante, collant pour le coup parfaitement à la cible de ces ouvrages.
Toutefois, en ce qui concerne le déroulé de l'intrigue, les péripéties me semblent parfois tirés par les cheveux, avec pour exemple cette effraction d'un cabinet d'avocat sans aucun problème pour deux jeunes adolescents, voire ne répondant qu'à une problématique de mise en avant du déroulé de l'intrigue. Par moment donc, on sent bien que les décisions des deux personnages ne sont pas spécialement motivés par leur propre choix, mais plus par une nécessité de faire avancer l'histoire dans la direction que l'auteur aura espéré. Je prends pour exemple la décision de Camille de retourner dans son monde avec Salim, pour protéger ces camarades, sans qu'aucun de ceux-ci, comprenant pourtant un chef militaire expérimenté, ne la stoppe en imagination que leurs ennemis pourraient tenter de les attaquer dans un monde où ils seraient alors sans défense.
Je pourrais faire encore plus long, mais je pense m'arrêter ici pour le moment. Jusqu'à présent, je n'avais jamais cessé de penser qu'un ouvrage, peu importe le public visé par l'auteur lors de sa rédaction, pouvait attirer n'importe quel lecteur. Bien sûr certaines lectures sont plus abordables ou complexes que d'autres, mais un enfant peut très bien se plonger dans des grands récits de la littérature contemporaine, pendant qu'un adulte confirmée pourrait tirer beaucoup de bonheur à la lecture (ou relecture) d'un tome plutôt destiné à ses enfants, voire ses petits-enfants.
Pourtant, c'est le sentiment qui prédomine en moi après la lecture de la Quête d'Ewilan. Suffisamment pour me questionner sur la possibilité de continuer la lecture de la saga.