Citations sur Pas de toit sans toi : Réinventer l'habitat social (4)
Construire concerne tout le monde et tout le monde sait un peu construire : cela permet de se rencontrer autour du faire, d'agir concrètement ensemble. Ce qu'il faut généraliser, c'est précisément l'idée qu'il ne faut pas généraliser ! Chacun possède une manière d'habiter qui lui est propre et cela participe de sa singularité. En ce sens, l'architecture n'est peut-être par définition qu'une multitude de petites expérimentations. (Sophie Ricard)
L'habitant du logement social n'est qu'une catégorie commode qui ne correspond en fait à aucun individu. Chacun a sa singularité. J'ai fait très vite la connaissance de Marie-José Lemaire, dite Tite Marie, qui aime se confier autour d'un verre de muscat. Les enfants la surnomment "Papillon" à cause de ses grandes oreilles. Veuve depuis peu, il lui arrive sans cesse des mésaventures : se laisser enfermer dans sa maison parce qu'elle a oublié d'ôter l'un des cinq verrous, se faire mordre par son chien... Je découvre que certains habitants du quartier profitent de sa gentillesse en lui vendant des objets inutiles. Tonio réussit même à lui vendre du poisson alors qu'elle n'en consomme jamais. Il n'empêche qu'elle a toute sa place dans le quartier et que les habitants sont très attachés à elle. J'ai consacré beaucoup de temps à comprendre la complexité des liens qui unissent ces familles, les rancoeurs tenaces et les amitiés. (Sophie Ricard)
J'ai grandi en banlieue et connais un peu la richesse et la complexité de son mode de vie : il ne suffit pas d'une ou deux réunions publiques pour entendre la parole des habitants. Il faut entrer en empathie, pour qualifier des paroles souvent mal formulées par manque de mots. Ma demande pour une pratique de l'architecture différence rejoignait celle des premiers concernés, les habitants. (Sophie Ricard)
La rencontre entre un architecte un projet adopte parfois des voies inhabituelles. Patrick Bouchain et ses collaborateurs souhaitaient depuis un certain temps traiter de la question du logement. S'y attaquer même, comme on s'en prend à un fléau. Montrer par leur façon de faire que la violence inhérente au terme loger pouvait être remplacée par la politesse du terme habiter. (Christophe Catsaros)