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Critique de Jackylebook


Tabarnak ! la Roxanne Bouchard c'est une satanée manieuse de mots, un genre de poétesse quoi ! Ce n'est pas étonnant qu'elle soit lauréate de différents prestigieux prix littéraires au Québec.
Je me suis vraiment régalé avec ce polar marin du bout du monde en Gaspésie (à l'embouchure du Saint-Laurent, sur la rive sud si vous situez !). Déjà, il faut dire que j'affectionne beaucoup cette région du monde et encore plus le langage fleuri des autochtones.
La mariée de corail correspond à la deuxième affaire du sergent enquêteur Joaquim Moralès (déjà à l'oeuvre dans Nous étions le sel et la mer, roman multi-primé) installé en Gaspésie suite à un projet de déménagement conclu avec son épouse Sarah. Toutefois, il a l'esprit chiffonnée car elle tarde à le rejoindre et pour d'avantage lui chambouler la tête, son fils aîné Sébastien, débarque chez lui sans sa compagne. Ce dernier travaille dans la restauration et prétexte, curieusement, comme motif de son arrivée, vouloir réaliser de nouvelles expériences culinaires.
Notre héros rumine toutes ces situations, quand il doit quitter son poste habituel de Bonaventure pour aller aider ses collègues de Gaspé, suite à la disparition avec son bateau, d'une jeune capitaine d'un homardier. Pour l'épauler il est accompagné d'une équipe hétéroclite, une standardiste bien peu courtoise et des adjoints Erik Lefebvre, bureaucrate plus qu'homme de terrain et Simone Lord, physiquement charmante mais individualiste et au caractère très étroit. Lorsque l'on retrouve l'embarcation à une quinzaine de kilomètres ainsi que le corps de la disparue notre affaire se transforme en suicide ou homicide ?
Roxanne Bouchard montre un art avéré pour mener de front cette histoire policière passionnante sur ce littoral, aux effluves d'algues et d'iode, peuplé de marins taiseux où les vieilles chicanes entre familles se font jour et un véritable roman où se dessinent les portraits de protagonistes aux vies cabossées. On se trouve immergé dans ce monde si difficile de la pêche, entre vocation et écoeurement : « Des fois je me demande pourquoi je suis devenu pêcheur ! On est à la merci de tout le monde : du gouvernement qui décide, des acheteurs qui veulent pas payer ………. Regardez-moi, j'ai un diplôme en biologie marine, mais je suis endetté comme mes ancêtres, les mains dans la graisse, devant un enquêteur habillé ben propre qui me demande comment ma vie m'a sali ».
En alternance, l'auteure nous dévoile des pans de vie de la famille Moralès, les difficultés dans la vie de couple du père et du fils que l'on pressentait, cette difficulté de dialoguer ensemble, leurs interrogations sur leurs vies mutuelles. Laissons s'exprimer Sébastien : « il pense à ce que son père cache derrière ses années d'enquêtes. Il se demande s'il ressemble à ces enquêteurs de romans qui sont hantés par les désordres du monde, les cris, les crimes, les yeux fixes des victimes, les blagues vulgaires des agents, la cruauté des assassins. Il songe à ce que son père a dû voir et tenter non pas de réparer, mais de comprendre, de résoudre et qui, au fond, ne résout rien. A tout ce dont il ne parle pas. Son père est un silence qui ne s'ouvre pas, qui s'entrebâille à peine ».
Ah j'oubliais ! cerise sur le gâteau, les descriptions des paysages marins, des jeux de lumières sur l'océan selon les variations de la météorologie et soudain miracle gicle un jet d'eau précurseur de l'apparition inoubliable d'une baleine.
Un vrai moment de bonheur de lecture dont je remercie les Editions De l'Aube.
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