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Critique de VincentGloeckler


« Partir en utopie, c'est entre autres refuser d'être immobilisé-e, plaqué-e au sol par la misère, par l'injustice, par la police, refuser de céder sous l'emprise de la violence, refuser d'être maintenu-e face contre terre »… Dans un ouvrage qui souffre (mais c'est le format de la collection qui l'impose) peut-être de sa brièveté, l'auteur entend présenter l'utopie dans tous ces états, montrant à quel point c'est « mot fragile, mot sensible, mot qui file entre les doigts, mot disponible, et tout cela fait peut-être, paradoxalement, sa force ». Il souligne la variété des usages d'un concept, valorisé par les uns, quand d'autres lui donnent connotation péjorative, renvoyant les rêves d' « utopie » à des cauchemars autoritaires, fustigeant les « utopistes » comme des songe-creux. Rappelant les oeuvres et les penseurs, de Thomas More à Ernst Bloch et au-delà, qui lui ont donné ses lettres de noblesse, l'historien décrit le destin de la pensée de l'utopie, comme quête d'une société harmonieuse, parfois dévoyée en projet totalitaire. Les chapitres les plus intéressants sont ceux qui rappellent l'idéal d'harmonie un peu fou d'un Fourier, mais aussi les déclinaisons de l'utopie socialiste avant son appauvrissement contemporain sous les coups, en particulier, d'un Manuel Valls, ou encore les mésusages du mot lorsqu'il devient marque commerciale – Utopie, Utopia – vecteur d'un triste rêve de consommation, une trahison qui trouve son point culminant lorsque le mot est employé par les architectes et gestionnaires des « outlets », ces vastes centres commerciaux, pour conforter l'image de « cocon » heureux qu'ils souhaitent donner de leurs espaces. Après nous avoir ainsi incités à la méfiance face aux acceptions d'un mot aussi chatoyant que fuyant, l'ouvrage s'achève sur un appel à retrouver les vraies racines de l'utopie dans la volonté de réaliser « ensemble autrement » un avenir qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissions jusqu'ici, à l'image peut-être de ce qu'ont ébauché, comme vie communautaire, les acteurs résistants de la ZAD de Notre-Dame des Landes. Alors, tous, encore, aujourd'hui et demain, des utopistes ?
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