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Critique de _Cripure_


La Garde blanche de Mikhaïl Boulgakov peine à exister dans les esprits occidentaux face au Maître et Marguerite, chef-d'oeuvre de l'auteur. Cela peut se comprendre par le contexte très précis que décrit le roman et qui ne nous évoque a priori pas grande chose. La révolution russe, certes on connait bien, mais ce qui se joue au même moment en Ukraine est un tel sac de noeuds que quiconque veut s'y pencher sérieusement doit s'armer de patience pour y voir clair.

Moscou et Kiev se quittent bons ennemis dans les pages du traité de Brest-Litovsk, que les Bolchéviques concluent avec les Allemands pour mettre un terme à la guerre et se concentrer sur la mise en place de la dictature du prolétariat. Seule et vaguement tenue par quelques contingents allemands, l'Ukraine sombre dans un chaos sans nom où s'affrontent une pléthore de factions toutes plus "populaires" et "nationales" les unes que les autres et sur lesquelles plane le spectre de ce qui se joue parallèlement en Russie. Boulgakov commence son récit dans une capitale ukrainienne tenue par le pouvoir fragile du Hetman Skoropadsky soutenu par les Allemands. Hors de la ville, des bruits courent sur le coup d'état à venir d'un certain Symon Petlioura qui rassemble une armée pour prendre Kiev et se hisser au pouvoir.

La prouesse de ce petit livre, c'est de rendre compte du chaos absolu qui s'empare des esprits alors que les rumeurs et les bruits de couloirs se répandent sur cette marche sur Kiev à venir. Petlioura est partout sans être nulle part. La famille des Tourbine est prise dans ce brouillard de la pensée et tente de passer au travers de cet orage en y perdant le moins de plumes possible. Les hommes rejoignent leurs bataillons où la plus grande confusion règne, les ordres sont contradictoires, les officiers abandonnent leurs postes et leurs unités, d'autres restent jusqu'au bout et meurent en héros ou dans la boue alors que la barbarie des grands pogroms s'entrevoit à l'horizon. La folie ambiante donne libre cours aux délires les plus incongrus et le récit entremêle régulièrement rêve et réalité.

La Garde blanche est à conseiller pour les amateurs de littérature russe, c'est du pur jus. Il faut néanmoins tâcher de rapidement s'imprégner du contexte historique, sans quoi on risque de louper une bonne partie du génie de ce petit livre.
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