Vous aimez les envolées lyriques? Les fresques contemplatives, les circonlocutions langoureuses et les gradations adjectives? Vous souhaitez vous évader dans de suaves rêveries aux accents de contes oniriques ? Échapper au monde dans une parenthèse ouatée de douceur et d'espoir ? Des réponses au lieu de questions ? Dans ce cas, ne lisez pas
Moktar de
Jérémy Bouquin.
le narrateur nous impose un récit brutal, sans filtre ni concessions, des réalités du trafic de drogue dans les cités françaises. Un récit sans remèdes, non plus, presque sans résolution, à l'image de la situation qu'il dépeint. Dans une langue dure et vivace,
Moktar déroule son présent instable, revient parfois sur un passé en friche, échoue à envisager un avenir. L'écriture prenante, immersive, bouscule le lecteur happé, ballotté dans le monde de Momo, si proche, si réaliste, souvent confus, qui convulse sur un rythme saccadé, dont l'irrégularité et l'absurde n'ont hélas rien à envier au nôtre. Car c'est bien le nôtre que dépeint
Jérémy Bouquin à travers cette plongée dans l'esprit d'un homme, dans les rues d'une ville. Malgré la déchéance et la violence omniprésentes, inévitables, quelques touches de tendresse et d'humanité nous lient au personnage principal dans les quartiers de Pau, jusqu'à la dernière page de ce roman captivant (même si cela dit, il est très rapide*). Une lecture terrible servie par une plume percutante dont on ne ressort pas indemne, que je ne saurais top vous recommander. Même si pour partir à Pau, ben, c'est vous qui voyez...**
* J'ai pas pu m'en empêcher.
** J'ai toujours pas pu m'en empêcher.