Cela sentait l’automne, un mélange de pourriture et de terre glacée, un parfum de tombeau et de vieille grange où fermentent des monceaux de pommes.
Les vampires végétariens ou amoureux de leur proie, c’est de la couille. Les gens que j’aimais, je n’avais pas envie de les bouffer, point barre.
Je connais la cruauté mentale dans ses moindres méandres et je sais qu’il arrive un moment où les brimades et les humiliations rendent fou, où elles révèlent le pire chez un adolescent timide et complexé.
Comment en vient-on à souhaiter crever quand on s’aime, quand on est jeune, beau et talentueux? En n’ayant rencontré la mort qu’aux détours des pages d’un conte de Poe ou dans les paroles sombres d’un groupe post punk. Moi, je la connaissais, la mort, je l’avais respirée, j’en avais bouffé. Je savais qu’elle n’avait rien d’exquis.
Je n’avais nullement l’intention d’aggraver mon cas en me droguant. Les mondes étranges aux frontières desquels je jouais les funambules suffisaient amplement à l’entretien de mon inquiétant délire.
Sous la télévision, un écriteau jauni annonçait en lettres gothiques que la maison ne faisait crédit qu’aux personnes de plus de quatre-vingts ans accompagnées de leurs parents.