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Critique de Satine


Comment résister à un titre si accrocheur ?
Par contre sur la quatrième de couverture est mis en avant la phrase suivante : "Mes jours et mes nuits sont peuplés de cauchemars et de corps en décomposition." Moins classe du coup !
Mais il m'en faut plus que ça pour m'effrayer, alors hop je l'achète et le fais dédicacer par son auteur présent et très abordable aux Livres sur la place de Nancy...

Etant lui-même un spécialiste mondialement reconnu des tueurs en série, je trouvais intéressant et curieux que Stéphane Bourgoin mette en lumière une collègue en lui consacrant un livre entier. Je ne vous cache pas que le fait que ce soit une femme l'héroïne a quelque peu aussi joué sur mon impulsion...

Quatrième de couverture : Micki Pistorius est la première femme au monde à avoir accédé au métier de profiler. Stéphane Bourgoin, spécialiste international des serial killers, l'accompagne dans ses enquêtes. Scènes de crime, interrogatoires, visites dans les morgues et les prisons de haute sécurité : il témoigne des méthodes de Micki Pistorius, de sa façon de résoudre les cas, mais aussi de ses moments de doute et de faiblesse.

Lire ce livre c'est faire de multiples voyages.
Tout d'abord c'est comprendre les coutumes et le mode de vie de pauvres noirs en Afrique du Sud. Ils survivent dans de petites bourgades, cherchent désespérément des emplois surtout les femmes seules avec ou sans enfant, certains sont prêts à tout pour quelques pièces de monnaie, ce qui évidemment facilite les pièges, les promesses proposés par les agresseurs.

C'est ensuite, explorer les scènes de crime, donner son importance à chaque détail, voir à travers les yeux de Micki Pistorius, comprendre sa logique, son cheminement, son besoin de cerner l'agresseur pour éviter qu'il y ait d'autres victimes à déplorer. Elle est lui, elle se met à sa place, elle pense comme lui, elle étudie en profondeur son mode opératoire, sa façon de ligoter, de violer, de torturer, de tuer ses proies. Tout a un sens dans cette morbidité, il faut pouvoir l'affronter.

C'est avant tout dégager un profil. Il ne sera pas forcément entièrement juste. Ce sont des hypothèses basées sur les indices des scènes de crime, ce qui est identique à chaque fois, ce qui diffère, l'endroit où sont laissés les cadavres, la façon dont ils sont exposés... Tout est analysé. Ce profil permet simplement de resserrer le cadre des recherches, d'éliminer des suspects, d'orienter les enquêteurs mais aussi les habitants des quartiers touchés vers une personne étrange qui pourrait être comme ci ou comme ça. Il n'en faut pas davantage pour avancer dans l'enquête et trouver le coupable.

C'est enfin interroger les suspects, chercher leurs points faibles, comprendre leur passé, s'immiscer dans leur tête pour les faire avouer.

Micki Pistorius n'a pas manqué de courage. Etre une femme dans un milieu d'hommes testostéronés au pouvoir et vouloir leur apprendre à enquêter différemment n'a pas été une mince affaire. Ses théories, sa façon de réfléchir, d'observer avec minutie les scènes de crime, ses hypothèses lancées à la pelle ont créé bien des réactions dans les commissariats du mépris, des moqueries, de l'ignorance, de la jalousie, du sexisme bien évidemment. Heureusement, Micki ne s'est jamais laissée abattre, elle a toujours défendu ses propos et ça a payé dès sa première enquête sur un serial killer. Par la suite, d'autres affaires ont été résolues grâce aux profils qu'elle soumettait. Elle a fini par obtenir le respect, la reconnaissance qu'elle méritait et a formé d'autres personnes à ce nouveau métier pour que davantage de commissariats puissent profiter de cette aide ô combien importante encore aujourd'hui.
Sa vie privée en a pris un coup très rapidement, elle a pourtant continué jusqu'à un trop plein qui l'a stoppé net dans ses enquêtes de terrain.
Suivre une partie de sa vie a été réellement très intéressant, c'est une femme de courage qui a laissé sa santé mentale de côté pour sauver des vies. Elle a fait avancer et faciliter les enquêtes sur les serial killers, c'était une pionnière, elle a encaissé les coups pour rendre nos rues plus sûres.

A la fin du livre, on analyse certaines scènes de crime étudiées par Micki Pistorius, chaque détail est mis en parallèle avec ce que cela implique pour le tueur. C'est un profilage en direct et c'est vraiment une bonne idée.

Stéphane Bourgoin nous livre donc un hommage en quelque sorte à cette femme. Il y dévoile son métier en détail, nous emmène sur les lieux de plusieurs enquêtes et n'hésite pas à incorporer ses interviews avec Micki. En bref, profiler c'est tout un art et cet ouvrage vous en apprendra beaucoup.
Bonne lecture !

Extrait : "Beaucoup de serial killers ont des mobiles sexuels, explique Micki Pistorius. Les hommes et les femmes n'ont pas la même idée du sexe. Un homme est excité par ce qu'il voit, une femme par le toucher. Voilà pourquoi il y a plus de voyeurs et d'hommes qui regardent des films pornographiques. Les crimes sexuels sont directement liés à l'apparence de la victime et à son physique. Si un homme veut dominer une femme, il exige un rapport sexuel avec elle. A l'inverse, si une femme veut dominer un homme, elle refuse d'avoir un rapport sexuel avec lui. Si un homme a été abusé sexuellement ou maltraité, il s'attaque à quelqu'un d'autre. Une femme au contraire a tendance à s'en prendre à elle-même et à pratiquer l'automutilation."
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