ISBN : 9782757828106
Tout le monde connaît
Stéphane Bourgoin, qui eut le malheur de perdre sa fiancée, assassinée dans les années soixante-dix par un tueur en série. le drame le marqua si fort qu'il allait consacrer sa vie entière à l'étude de cette espèce de
tueurs. Bourgoin a donc écrit une foule de livres sur la question, souvent excellents. On recommandera en particulier "
Le Livre Noir des Serial Killers", dont je ferai la fiche un de ses prochains jours - et, pour les cinéphiles, car Bourgoin est grand amateur de films, dont des Séries B, ses ouvrages sur
Roger Corman et Terence Fisher.
"
Tueurs" : nous savons, dès le titre, à qui nous avons affaire. Mais, après avoir traité des
tueurs les plus célèbres - dont Edmund Kemper, avec qui il s'est d'ailleurs entretenu en prison, ou encore l'ignoble Gerard Schaefer - Bourgoin évoque ici quelques cas moins connus même si certains, comme "Le Boucher de Cleveland", dans les années trente, sont restés impunis. Ce fut Eliott Ness qui traita l'affaire : des corps démembrés dont on découvrait des parties, ici et là, toujours des gens qui vivaient dans la rue ou alors se prostituaient. La police reçut une lettre anonyme où l'assassin affirmait qu'il tuait "pour améliorer la science." (Pourquoi pas ? Il y en a bien qui tuent tous les jours en affirmant que Dieu le leur prescrit ! En ce sens, le "Boucher de Cleveland", si infernal qu'il fût, avait au moins le courage de ne pas se déresponsabiliser.) A la fin des années quarante, certains lui imputèrent même la mort d'Elizabeth Short, mieux connue, la pauvre fille, sous le nom du "Dahlia Noir." Mais rien ne fut jamais prouvé et, s'il y eut beaucoup de suspects, aucun ne fut jamais réellement accusé.
Dans ce livre, on n'oubliera pas non plus le saisissant portrait du tueur pédophile et probablement cannibale,
David Brown, qui, en prison, dans un groupe religieux, se rebaptisa Nathaniel Lévy Bar-Jonah et réussit, après une première incarcération, à quitter l'institution de Bridgewater et à reprendre pied très légalement dans la vie quotidienne. Nous ne nous attarderons pas ici sur les détails de sa sinistre "carrière". Bourgoin l'accompagne jusqu'à son dernier procès mais comme Bar-Jonah eut une crise cardiaque avant la fin des débats, il ne put être, et pour cause, jamais condamné. Ergo, la loi le veut ainsi et malgré les preuves accumulées contre lui,
David Brown est mort non-coupable, en tous cas officiellement.
L'une des parties les plus intéressantes du livre est celle où Bourgoin évoque des
tueurs en série français ayant sévi au début du XXème siècle, comme Peugnez ou encore Dumollard, surnommé "le Tueur de Bonnes." Ces personnalités retiennent l'attention parce que, très souvent, elles ont laissé des notes, certes des plus narcissiques, mais où, néanmoins, on perçoit (pour certains d'entre eux seulement) une interrogation véritable et même sincère sur les motivations qui les ont fait passer à l'acte.
Quant à la troisième partie, elle évoque quelques tueuses en série anglo-saxonnes dont Belle Gunness, qui envoya ad patres un nombre incroyable de maris et d'amants sans oublier ses enfants et que l'on tient pour "la première tueuse en série des Etats-Unis" - c'était une immigrée d'origine scandinave. La mormonne Rachal David clôt une série aussi inquiétante que répugnante.
En résumé, un livre qui apporte quelque chose au lecteur, fût-il très ferré en matière d'oeuvres sur les
tueurs en série, puisque Bourgoin s'attache à des cas relativement peu connus - Gunness et Dumollard exceptés, peut-être. de plus, il est en format poche, chez Points. Alors, pourquoi vous priver ? ;o)