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Critique de Allisonline


Nos Vies Suspendues est un roman poignant. Charlotte Bousquet nous propose un vrai page-turner qui porte bien son nom tant il a mis ma vie en suspens, le temps de ma lecture. Je l'ai dévoré d'une traite, tremblante de rage, de dégout et de chagrin. On y suit deux jeunes femmes victimes de viol, trois ans après l'agression. Trois années durant lesquelles elles ont dû vivre avec le verdict injuste prononcé par le tribunal, une sentence inacceptable qui a mis leur reconstruction en suspens. Malheureusement, c'est un sujet tristement d'actualité, à une époque où les femmes sont encore bien trop souvent considérées comme coupables de ce qui leur arrive. L'autrice choisit de montrer l'injustice et la réalité brute : le fait que les plaintes pour viol n'aboutissent que très rarement à un jugement satisfaisant. Ici, pas de super héroïnes prêtes à enfiler leurs capes de justicières, mais de jeunes femmes détruites, abandonnées par la justice et, par-dessus tout, culpabilisées. Comme si la sidération n'existait pas, comme si sa beauté, son état d'ébriété, sa virginité ou sa tenue avait une quelconque incidence sur la culpabilité des victimes. On découvre alors deux jeunes femmes qui réagissent différemment à l'annonce du verdict, mais aucune n'est plus légitime que l'autre. L'une s'est créée une carapace mentale, s'est endurcie jusqu'à en devenir froide et insensible. L'autre s'est créée une carapace physique, s'est oubliée au point de ne plus vouloir exister. Ce sont deux femmes qui ne peuvent que toucher, deux personnages crédibles qui incarnent tant de femmes à qui cela arrive chaque jour.

Et soudain, une touche de fantastique. Elle déçoit presque, quand elle arrive dans ce récit qu'on veut pourtant réaliste et juste. Mais une fois la surprise passée, on se rend compte de l'intelligence de l'implication du surnaturel dans cette histoire. À sa façon, elle personnifie des sentiments parfois difficiles à appréhender, comme une douleur intérieure qui ronge et qui détruit. Tout au long du roman, il est question de culpabilité. Des victimes, des agresseurs, des silencieux, des allié∙e∙s. Des victimes, à qui on fait croire qu'elles l'avaient peut-être un peu cherché, en exploitant la fameuse « zone grise » du consentement. Des agresseurs, qui ont de plus en plus de mal de se convaincre que cette zone existe. Des silencieux, qui auraient dû intervenir, qui auraient pu changer les choses. Des allié∙e∙s, qui auraient voulu aider, mais qui n'ont pas pu. Nos Vies Suspendues parle de culpabilité, mais aussi de reconstruction et de résilience. Un roman percutant !

Lien : http://allison-line.blogspot..
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