J’avais décidé de réaliser le portrait d’une femme lisant. Pour ce faire, j’avais demandé à Sophie – l’une de mes amies d’enfance et voisine – de poser pour moi. ...
Le seul petit défaut que je connaisse à Sophie, c'est son continuel besoin de parler ; à croire qu'elle redoute le silence ou que ce dernier lui est douloureux.
Un mois déjà que je travaillais sur cette toile. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi. Moi, l'impressionniste, le fauviste, l'exalté de la couleur, je m'étais lancé un défi.
Un peu après le départ de mon client préféré, je ne pus m'empêcher de penser à lui. Jamais, ô grand jamais, je ne l'avais encore vu ainsi. Nul doute que ces vacances allaient lui faire du bien.
Tout de même, ce qu'il m'avait raconté, m'avait profondément troublé, mais je ne pouvais me résoudre à croire une telle fable.
Sophie était heureuse en s'en allant, sa toile sous le bras... Mois aussi d'ailleurs ! Et ce, à double titre. Primo, pour avoir remporté mon pari envers moi-même - mon alter ego m'a boudé pendant des lustres - et secundo, pour avoir autant fait plaisir à Sophie.