Ni inventaire
ni enseignement écrit
de l’acte sexuel
tout arrive
dans la passion
même en rêve
tu ne peux imaginer
les émotions
ni les fantasmes
qui surgissent
en un instant
d’érotisme
extrême
exactement
comme un cheval fou
qui s’emballe
aveuglé par sa vitesse
ne voit ni les trous
ni les fossés
ni les barrières
deux amants aveuglés
par leur passion
et le combat du sexe
prisonniers
de leurs violentes pulsions
ne voient plus les dangers
Le Kâmasûtra est ainsi un texte de littérature d’une rare préciosité, traité taxinomique sur la vie amoureuse, dialogue philosophique et politique, manuel de savoir-vivre, rituel et bréviaire érotique, poème aux longues énumérations sous forme de listes aux détails aujourd’hui parfois bizarres et bouleversants. Il met en forme la transmission d’un savoir qu’il contribue finalement à inventer, à autoriser comme tradition. Il s’attaque à cette double aventure : rendre lisible la sexualité dans la grande écriture théâtralisée de la vie, et l’écrire dans la langue par excellence de l’être, pour l’hindouisme, le sanscrit. D’une certaine façon, la sexualité transforme la vie en une pluralité de destins que déploient la parole et ses jeux.
(Préface)