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Critique de AtelierdeClaire


Un quasi coup de coeur !!!
Evidemment, ceux qui me connaissent n'en seront pas surpris, puisqu'il y a dans ce roman tout ce que j'aime ou presque en littérature.
J'ai toujours eu un faible pour les auteurs du 19ème siècle, pour la période romantique et victorienne, et Mary Elizabeth Braddon, que je lisais pour la première fois, n'a pas échappé à la règle.
Quelle excellente découverte !

Je me suis régalée, autant avec le contexte historique et social de l'Angleterre des années 1850, qu'avec les ambiances parfaitement dépeintes, avec les longueurs aussi (oui, c'est l'occasion de l'avouer ici, j'adore les gros "pavés" et ce style "feuilletoniste" avait donc tout pour me charmer !), et avec l'histoire en elle-même, regorgeant de mystères et de suspense.

Nous sommes ici plongés au coeur d'une enquête liée à la disparition brutale et suspecte d'un des personnages, et au comportement soudain plus qu'étrange de la fameuse Lady Audley.
Quel est donc le secret de cette femme ?

Toute l'originalité du roman réside dans le fait que, très rapidement, le lecteur, complice de la narratrice, est amené à deviner une part essentielle de l'intrigue et donc du fameux "secret". Mais restent à en définir les raisons profondes et à accompagner Robert Audley, jeune avocat désoeuvré et neveu de ladite Lady, dans son enquête minutieuse et persévérante pour démêler l'enchevêtrement d'indices autour de cette accumulation de mystères, et pour en connaître les tenants et aboutissants et le dénouement complet.

On pourrait croire que ce type de scénario engendrerait de l'ennui ou du désintérêt, mais au contraire, j'ai adoré suivre l'enquêteur, Robert Audley, dont le personnage connaît une très belle évolution, et auquel je me suis énormément attachée au fil des pages.
Mine de rien, je suis restée tenue en haleine de bout en bout, par le truchement des nombreuses péripéties jalonnant l'histoire, navigant entre Londres, les modestes villes côtières et les villages et manoirs des campagnes, entre la pauvreté et le faste, subjuguée par la psychologie des personnages, et par ces mille petits détails qui font que j'ai véritablement vécu cette histoire de l'intérieur.

L'autrice a donc parfaitement réussi sa mission avec ce roman-feuilleton fleuve, précurseur du genre policier, et témoin de l'époque où beaucoup d'écrivains tentaient de gagner leur vie en publiant "à la page" dans des revues ou magazines.

Alors certes, c'est parfois un peu trop rocambolesque, un peu trop improbable ou contradictoire (comme "regarder le paysage défiler à travers la vitre opaque d'un wagon" !!), un peu trop truffé de heureux hasards et de bons sentiments, mais je lui pardonne bien volontiers ces quelques libertés prises avec le réalisme, car après tout, c'est bien ce que j'aime aussi avec ce genre de lectures : pouvoir me laisser porter et entraîner, simplement prendre du plaisir, et avoir hâte de tourner les pages.

Quoiqu'il en soit, j'ai donc réellement apprécié cette alchimie entre amitié, enquête, manipulations, amour, trahisons et vénalité, de même que les quelques touches humoristiques et les tacles intemporels au monde du pouvoir et de la politique placés ça et là.

Et comme je suis également friande des histoires "qui finissent bien" ou qui dégagent une certaine morale et une certaine justice, je n'ai pas boudé la conclusion de celle-ci, où l'on voit que vanité, égoïsme et ambition peuvent bien souvent mener à la perte de ceux qui en abusent.

Nous avons aussi ici la démonstration que bien souvent, la frontière est mince entre folie et criminalité. Se pose alors la question de la responsabilité, aux yeux de la loi, mais aussi aux yeux de la société, une réflexion toujours d'actualité deux siècles plus tard...

Alors, quand au décours d'une lecture distrayante, se posent aussi discrètement, comme ici, quelques questions plus profondes, que demander de plus ?
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