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Critique de berni_29


Les boîtes à livres sur le chemin des vacances regorgent de trésors enfouis, bonheurs insoupçonnés, sous des piles aussi vertigineuses qu'éclectiques pour ne pas dire hétéroclites, voire holistiques. On y trouve même des magazines de tricots.
C'est dans une de ces boîtes magiques à la frontière entre le département de l'Allier et celui du Puy-de-Dôme, que j'ai fait la connaissance de Mary Elizabeth Braddon. Plus exactement d'un court roman de cette autrice anglaise de l'époque victorienne, le Secret de la Ferme-Grise.
On dit qu'Agatha Christie, dont je trouve souvent plusieurs romans dans une boîte à livres tout près de chez moi, - il faudra d'ailleurs qu'un jour je creuse cette énigme en me cachant toute une nuit pour observer dans la pénombre ce qui se trame par là-bas -, aima beaucoup la littérature de Mary Elizabeth Braddon et je la comprends à la lecture de ce court récit qui m'a séduit.
C'est en effet un très court roman de moins de cent pages qui s'ouvre sur un enterrement, celui de Martin Carleon, oui vous savez le fils aîné des Carleon, mort dans la pleine force de la jeunesse d'un mal mystérieux, une maladie de langueur, longue et douloureuse attribuée à l'humidité du lieu. Les Carleon étaient une des plus anciennes familles de ce comté anglais. L'héritier sera désormais le fils cadet, Dudley, qui prend dans les jours qui suivent possession des lieux ; la propriété comprend une exploitation agricole qui s'est dégradée de génération en génération, La Ferme-Grise, gérée aujourd'hui d'une poigne de fer par l'intendant Ralph et c'est ce qui fait tenir le domaine encore debout. Elle doit son nom à une ancienne confrérie de l'ordre des Moines Gris qui y avaient érigé une abbaye.
Comme Dudley ne connaît rien à la gestion d'une affaire agricole, il décide de conserver tout le personnel et en particulier ce peu sympathique intendant qui ne cesse de le suivre ou de le précéder comme son ombre... Mais cet homme est redoutablement serviable et efficace dans l'administration du domaine. La relation ambiguë entre les deux hommes devient lourde, une oppression se dessine peu à peu renforcée par ce lieu chargé de mystère et d'humidité et la pluie fine qui tombe sans cesse sur le paysage n'arrange rien à l'ambiance.
Puis deux jeunes femmes vont entrer dans le récit, l'une s'appelle Agnès Marlow, fille du pasteur, qui habite dans le voisinage tout proche, elle était destinée à épouser Martin Carleon. Son chagrin est inconsolable. Est-ce une raison pour détester autant Dudley qui voudrait comprendre ce ressentiment et l'effacer ? La meilleure amie d'Agnès, Jenny Trevor, vient souvent voir cette dernière et c'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Dudley...
ici l'audace de l'intrigue qui se construit pas à pas joue avec la peinture des sentiments dans une atmosphère éprise d'étrangeté et d'emprise.
Dans les mystères qui se voilent ou se dévoilent ici, comment ne pas penser à certains aspects que j'ai rencontrés plus tôt en lisant Jane Eyre ou bien encore Rebecca.
Un intendant qui semble écouter aux portes, les pleurs d'un enfant dans la nuit... Et cette rivière toute proche qui n'en finit pas de charrier ses eaux, avec l'arrogance d'un fleuve...
La construction narrative avance par ellipse, l'écriture est sobre, tout en retenue, ne recherchant jamais les effets. J'y ai trouvé une authenticité de ton.
C'est un petit roman au allures gothiques, de l'épaisseur d'une nouvelle, mon seul regret est de l'avoir lu trop vite. Ma seule envie, chère Mary Elizabeth Braddon, sera de vous retrouver tout prochainement, sans pour cela devoir écumer les boîtes à livres de Bretagne, D Auvergne ou même de Picardie...
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