Une nuit de canicule, une bande de voyous désoeuvrés, un jogger gai dans un parc. Un triste fait divers. Mais il y a Esther, témoin de l'agression, qui, par son cri, interrompt le drame. Et elle a reconnu un des agresseurs...
Roman dur et réaliste d'un monde d'ado sur lequel on évite de regarder. Roman noir avec des trainées de rouge sang. Mais tout n'est pas noir et blanc. En observant, il y a beaucoup de gris, il y a les raisons, les motivations, le passé, le drame.
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«Esther a repris sa course.
Privée de musique, elle se sent hors de son élément naturel. Elle perçoit tout ce qu'elle n'a pas l'habitude d'entendre dans le cocon de ses écouteurs, ses pieds qui ne martèlent jamais le sol ainsi, mais lui procurent l'illusion de l'effleurrer, les voitures du boulevard Gouin et, encore plus loin, du boulevard Henri-Bourassa, la rivière des Prairies, sale et silencieuse au niveau du parc et... et ce cri!
Elle a bien vu. L'homme, qui courait de plus en plus lourdement quelque deux cents mètres devant elle, s'est arrêté. Il s'est dirigé vers... Elle a tout juste discerné ce qui devait être le corps d'une femme,
Ensuite est apparu ce mastodonte au crâne rasé. Vif comme un chat, il a surgi du buisson et a assené un coup de bâton de base-ball sur la cheville de l'homme. Pendant que la victime s'écroulait, l'autre, presque aussi costaud, l'a roué de coups.
Enfin les deux plus maigres sortent à leur tour. Ce grand dégingandé, armé d'un bâton lui aussi, qui hésite, qui laisse l'autre le devancer, celui qui, un couteau à la main, amorce une danse sanglante, cruelle.
Esther n'en peut plus. Elle se trouve maintenant à moins de cent mètres de la scène. Cela n'a rien d'un rêve, ce n'est même pas un cauchemar, c'est bien réel, une réalité qui brûle les yeux. Elle crie...de toutes ses forces, elle hurle.»
pages 31- 31