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Critique de Tachan


Dans la riche bibliographie de Marion Zimmer Bradley, voici le dernier tome paru de son cycle d'Avalon. Il le fut d'ailleurs grâce à ses notes par l'une de ses "élèves" Diana L. Paxson 6 ans après son décès. Pourtant, celui-ci permet de faire le lien entre le tout premier texte de ce cycle, le puissant Chute d'Atlantis et les multiples incarnations de ses personnages qu'on retrouvera dans La colline du dernier adieu, La Prêtresse d'Avalon et ceux qui lui font suite. Il me fallait donc le découvrir.


J'ai de suite senti que la plume n'était pas la même. Plus simple, plus entraînante, moins descriptive, moins poétique, peut-être plus accessible, elle m'a moins fait vibrer et je l'ai trouvée plus passe partout. Ainsi le roman se lit, il se lit très bien même avec ses plus de 500 pages qui défilent très vite, mais il n'a pas la sombre poésie, la dramatique tragédie et la noirceur mythologique de son aîné. Ici tout est presque trop gentil, trop facile...

Nous retrouvons les enfants de nos deux soeurs atlantes, Tiriki et Micail, qui vont être séparés au cours de leur fuite tandis que leur royaume s'effondre littéralement, englouti sous les eaux. L'histoire de ce tome ne sera que celle de leur long exil et de leur envie de retrouvailles. Sur un mode un peu Ulysse et les Argonautes, avec ce couple séparé par le destin, mais aussi avec une touche de Conquistador dans le nouveau monde à la découverte des autochtones, les autrices posent les jalons d'une suite voulant faire le lien avec magie atlante et magie celtique.

J'ai eu beaucoup de mal avec les personnages tout au long de ce tome. Tiriki et Micail n'ont pas la force et la poigne de leurs parents. Ils sont très lisses et très purs au début de l'histoire, protégés qu'ils ont été, et même les drames qui vont se jouer sous leurs yeux vont peiner à les endurcir. C'est d'ailleurs l'un des gros reproches que je ferait à cette lecture : tout le monde est un peu trop gentil. On nous parle quand même d'un peuple qui doit fuir son royaume qui sombre et où un certain nombre d'entre eux avaient succombé à une sombre magie, mais dans ce nouveau monde qu'ils construisent, plus ou moins en harmonie avec les peuples qu'ils viennent coloniser, ils sont censés être tout doux et gentils. Pas très crédible. Heureusement qu'un peu d'épaisseur est apporter ensuite pour nuancer cela.

Ce sont justement ces nuances qui ont fini par m'apporter ce qui me manquait dans cette lecture. Car certes, on nous propose une relecture atlante du mythe d'Ulysse et des Conquistadors du Nouveau monde, mais encore fallait-il évoquer avec justesse ces rencontres. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'autrice en montre deux versants très différents : celui pacifiste et concordant vers un mélange, du groupe de Tiriki, et celui plus hégémoniste, cherchant à s'imposer sur l'autre qu'il juge inférieur, du groupe de Micail. Au moins l'autrice n'est-elle pas aveugle sur ce que l'humanité peut faire dans ces situations. J'ai également beaucoup aimé l'immersion qu'elle a tenté de créer avec ce pan de l'histoire, grâce aux descriptions dépaysantes de ces lieux et civilisations rencontrées. Cela m'a beaucoup rappelé les Mystérieuses cités d'or de mon enfance et autres récits d'aventures du genre où on était confronté à une nature encore sauvage, primitive et étrange, différente de ce qu'on connaissait.

N'empêche cette lecture fut bien longue. L'autrice tire énormément sur la corde pour tout et en même temps jamais elle ne nous fait vibrer. La chute d'Atlantis est bien racontée mais très succinctement et avec bien bien de pages impactantes (à part le départ précipité de Tiriki). On passe ensuite bien trop de temps à suivre les pleurnicheries sentimentales de Tiriki d'un côté et Micail de l'autre à qui l'absent(e) manque beaucoup trop... C'est d'un larmoyant ! Je n'ai pas trouvé passionnant de suivre l'un et l'autre dans leur tentative de construction d'une nouvelle vie auprès d'un nouveau peuple, surtout du côté de Micail qui s'apitoyait beaucoup sur lui-même et ne faisait pas grand-chose. Même leurs retrouvailles m'ont paru forcées et maladroites, tirant trop sur le mélodrame et n'apportant pas grand-chose à l'histoire.

Au final, ce qui fait le sel de cet épisode, c'est plutôt la rencontre avec d'autre civilisation et la façon dont la culture et la magie atlante vont ainsi essaimer et se mélanger à d'autres magies primitives préexistantes, donnant naissance à ce que l'on connaîtra plus tard. Il y a aussi comme intérêt ultérieur la façon dont les figures clés que furent les mères de Tiriki et Micail, ainsi qu'eux deux, vont se réincarner dans des personnages aux destinées tragico-magiques qu'on suivra dans les prochains tomes. C'est la pose de jalons qui m'a intéressée plus que le récit en lui-même de ce tome.

Tome annexe à la série, paru post-mortem, son intérêt tient surtout au lien qu'il veut faire entre les prémices du cycle avalonien et les tomes postérieur avec les multiples réincarnations de ses personnages. Sa lecture s'est révélée un peu mollassonne, trop lisse et mélodramatique. Heureusement, il y a eu la rencontre de peuples et magies primitives, avec notamment l'érection de Stonehenge, moment fascinant. Pour le reste, il est loin d'être indispensable...
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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