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Critique de kielosa
+++ DES LARMES SUR LA RUSSIE : À LA RECHERCHE D'UNE FAMILLE ET L'HÉRITAGE DES POGROMS UKRAINIENS +++
Lisa Brahin, une généalogiste juive du New Jersey, diplômée de l'université George-Washington, vient de publier (le 7 juin dernier) un ouvrage ambitieux et impressionnant sur le sort des Juifs de Russie entre 1881 et 1921.
Elle trace le parcours de sa propre grand-mère, Anna "Channa" Caprove (1912-2003) de Stavyshche, actuellement en Ukraine (à 140 km au sud de Kiev) à New York. C'est à elle que l'auteure a d'ailleurs dédié son ouvrage monumental. Car à travers le récit de sa grand-mère c'est l'histoire de la communauté juive de Russie qu'elle nous présente.
De l'antisémitisme primaire, allant de mesures discriminatoires aux pogroms violents et le départ définitif en moins de 40 ans de plus de 2 millions de Juifs vers un monde meilleur.
Le nombre de morts se situe entre 200.000 et un quart de million de victimes.
Lisa Brahin, môme, a été tellement friande des histoires de sa grand-mère de ce monde étrange et perdu de l'autre côté de l'océan, qu'il a fini par déterminer son choix d'études et de carrière. Les récits de Channa, que la gamine enregistrait consciencieusement sur un vieux magnéto forment la base du présent ouvrage, qui ont bien sûr été complété ultérieurement par de solides recherches, entretiens, témoignages et lectures.
Grâce à ses efforts pendant de longues années, le pogrom juif perd sa signification quelque peu abstraite pour nous autres Occidentaux.
En nous racontant ce qui est arrivé concrètement à la famille de sa grand-mère, leurs amis et voisins juifs de la région de Stavyshche en juin, novembre et décembre 1919, l'auteure nous offre une image nette de la réalité du pogrom.
Lisa Brahin explique comment des bandes d'irréguliers, mais aussi des soldats de l'armée de Symon Petlioura (1879-1926), brièvement président d'Ukraine, et du général Anton Dénikine (1872-1947), commandant en chef de l'armée des volontaires contre l'armée rouge, s'y sont pris pour semer la terreur parmi les Juifs : rançons exorbitantes, vols et viols systématiques, assassinats au hasard, destructions de bâtiments publiques et mise à feu des maisons et logements juifs.
Des épisodes de violence qui condamnaient les pauvres survivants à la famine, à différentes maladies, tel le typhus, et finalement à l'exil.
La description de ces forfaits épouvantables m'a inévitablement fait penser aux exploits plus d'un siècle plus tard de certains militaires du criminel de guerre Poutine un peu plus à l'est de Stavyshche, comme à Boutcha, Marioupol et Sievierodonetsk par exemple !
C'est par une froide nuit d'octobre 1920 qu'un convoi de 80 Juifs, parmi lesquels Channa et les siens, s'est mis en route vers la Roumanie et a traversé le Dniestr à bord de fragiles canots à rames, début janvier 1921, direction Chişinau, la capitale actuelle de la Moldavie.
Il aura fallu 2 ans et demi d'attente avant que le ménage Caprove puisse partir de Constanţa, traverser la mer Noire et à Constantinople (Istanbul) monter à bord du voilier Braga pour les États-Unis, où ils passèrent tous les examens médicaux à Ellis Island, le 1er septembre 1923.
Channa avait tout juste 11 ans.
Avec l'arrivée des Caprove à la "Médine d'Or" leur nom pour l'Amérique, j'arrête mon synopsis des Juifs fuyant les pogroms, tout en indiquant que 2 chapitres sont consacrés à leur existence outre-Atlantique.
À part quelques passages durs relatifs aux pogroms, cet ouvrage présente des réminiscences qui rappellent "La liste de Schindler" de Thomas Keneally, "Un violon sur le toit" de Sholem Aleikhem et du Nobel Isaac Bashevis Singer "Le charlatan" (voire mon billet du 27 février 2020).
Il s'agit d'un livre exceptionnellement instructif et très complet avec une brève chronologie des événements historiques (1881-1921), 11 annexes documentaires, une intéressante bibliographie et 24 pages de photos exclusives.
Éditeurs français, une occasion à ne pas manquer !
Lisa Brahin, une généalogiste juive du New Jersey, diplômée de l'université George-Washington, vient de publier (le 7 juin dernier) un ouvrage ambitieux et impressionnant sur le sort des Juifs de Russie entre 1881 et 1921.
Elle trace le parcours de sa propre grand-mère, Anna "Channa" Caprove (1912-2003) de Stavyshche, actuellement en Ukraine (à 140 km au sud de Kiev) à New York. C'est à elle que l'auteure a d'ailleurs dédié son ouvrage monumental. Car à travers le récit de sa grand-mère c'est l'histoire de la communauté juive de Russie qu'elle nous présente.
De l'antisémitisme primaire, allant de mesures discriminatoires aux pogroms violents et le départ définitif en moins de 40 ans de plus de 2 millions de Juifs vers un monde meilleur.
Le nombre de morts se situe entre 200.000 et un quart de million de victimes.
Lisa Brahin, môme, a été tellement friande des histoires de sa grand-mère de ce monde étrange et perdu de l'autre côté de l'océan, qu'il a fini par déterminer son choix d'études et de carrière. Les récits de Channa, que la gamine enregistrait consciencieusement sur un vieux magnéto forment la base du présent ouvrage, qui ont bien sûr été complété ultérieurement par de solides recherches, entretiens, témoignages et lectures.
Grâce à ses efforts pendant de longues années, le pogrom juif perd sa signification quelque peu abstraite pour nous autres Occidentaux.
En nous racontant ce qui est arrivé concrètement à la famille de sa grand-mère, leurs amis et voisins juifs de la région de Stavyshche en juin, novembre et décembre 1919, l'auteure nous offre une image nette de la réalité du pogrom.
Lisa Brahin explique comment des bandes d'irréguliers, mais aussi des soldats de l'armée de Symon Petlioura (1879-1926), brièvement président d'Ukraine, et du général Anton Dénikine (1872-1947), commandant en chef de l'armée des volontaires contre l'armée rouge, s'y sont pris pour semer la terreur parmi les Juifs : rançons exorbitantes, vols et viols systématiques, assassinats au hasard, destructions de bâtiments publiques et mise à feu des maisons et logements juifs.
Des épisodes de violence qui condamnaient les pauvres survivants à la famine, à différentes maladies, tel le typhus, et finalement à l'exil.
La description de ces forfaits épouvantables m'a inévitablement fait penser aux exploits plus d'un siècle plus tard de certains militaires du criminel de guerre Poutine un peu plus à l'est de Stavyshche, comme à Boutcha, Marioupol et Sievierodonetsk par exemple !
C'est par une froide nuit d'octobre 1920 qu'un convoi de 80 Juifs, parmi lesquels Channa et les siens, s'est mis en route vers la Roumanie et a traversé le Dniestr à bord de fragiles canots à rames, début janvier 1921, direction Chişinau, la capitale actuelle de la Moldavie.
Il aura fallu 2 ans et demi d'attente avant que le ménage Caprove puisse partir de Constanţa, traverser la mer Noire et à Constantinople (Istanbul) monter à bord du voilier Braga pour les États-Unis, où ils passèrent tous les examens médicaux à Ellis Island, le 1er septembre 1923.
Channa avait tout juste 11 ans.
Avec l'arrivée des Caprove à la "Médine d'Or" leur nom pour l'Amérique, j'arrête mon synopsis des Juifs fuyant les pogroms, tout en indiquant que 2 chapitres sont consacrés à leur existence outre-Atlantique.
À part quelques passages durs relatifs aux pogroms, cet ouvrage présente des réminiscences qui rappellent "La liste de Schindler" de Thomas Keneally, "Un violon sur le toit" de Sholem Aleikhem et du Nobel Isaac Bashevis Singer "Le charlatan" (voire mon billet du 27 février 2020).
Il s'agit d'un livre exceptionnellement instructif et très complet avec une brève chronologie des événements historiques (1881-1921), 11 annexes documentaires, une intéressante bibliographie et 24 pages de photos exclusives.
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