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Critique de Zippo


Contrairement à ce que peut faire penser le titre de ce livre, nous avons affaire à un essai, un brillant essai.. Et ce, sur le thème des techniciens, ingénieurs, espions, policiers, militaires et autres artisans de la politique nazie des autorités allemandes de 1933 à 1945.

Eric Branca nous présente une galerie de personnages tous plus opportunistes les uns que les autres.

Albert Speer, architecte préféré d'Hitler et ministre de l'Armement de celui-ci. Au titre de la guerre totale menée par les nazis et afin de porter à son maximum la production allemande de matériel militaire, il a utilisé la main d'oeuvre des déportés des camps qui ont péri par dizaine de milliers du fait des traitements et de l'esclavage qui leur étaient imposés ; notamment dans le camp de Dora; lieu de fabrication des V1 et V2. Epuisement, sous-alimentation et maladie, tel était le sort des malheureux que Speer, en bon nazi, considérait comme du bétail...Il n'écopa que de vingt ans et eut le culot de se présenter comme le chevalier blanc...lui nazi convaincu et proche d'Hitler.

Von Braun, cet ingénieur génial certes, mais imbu de lui-même et d'un opportunisme édifiant. Il a permis aux Etats-Unis de s'imposer dans la recherche spatiale, notamment le 21 juillet 1969, les premiers pas de l'Homme sur la Lune.

Otto Skorzeny, surnommé le "James Bond nazi", auréolé de la gloire de sa mémorable équipée pour délivrer Mussolini au Gran Sasso. Un nazi au physique de colosse qui après guerre se mettra au service de plusieurs commanditaires.

Et plusieurs autres comme le financier Schacht qui assura le financement du parti nazi, Rudold Diels le premier chef de la gestapo de Berlin, Ernst Achenbach qui, pendant l'Occupation, a pillé la France pour les besoins du IIIème Reich...Sans oublier Walter Schellenberg, orfèvre de la manipulation et l'un des principaux organisateurs de la Shoah par balles et dont les Alliés occidentaux utilisèrent les services dans le cadre de la Guerre froide.

Après avoir terminé la lecture de ce livre, impossible de ne pas ressentir un malaise, et ce pour trois raisons :

-les victimes du nazisme furent les "cocus" dans le dénouement de la Seconde guerre mondiale qui, rappelons-le, a fait plus de 60 millions de morts. Quelle justice pour les victimes raciales et politiques du nazisme ? Beaucoup échappèrent au jugement. Et, mis à part quelques dirigeants nazis, s'il y a eu condamnations, beaucoup furent légères au regard des crimes,

-le cynisme absolu, la désinvolture, l'opportunisme de ces élites nazies qui se donnent le beau rôle après avoir participé à la mise en place et au fonctionnement d'un régime inhumain,

-le manque absolu de morale des Alliés pour qui la Guerre froide était l'unique souci et la souffrance des innocentes victimes du nazisme comptait peu.

Un livre passionnant d'une grande précision.
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