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Critique de Wictoriane


Londres, 1889. Robert Sherard, le narrateur, poète et ami d'Oscar Wilde l'assiste dans une affaire délicate : son mentor a découvert Billy Wood, un jeune homme de 16 ans, égorgé selon ce qui semble être un rituel sacrificiel : son corps nu est retrouvé entouré de chandelles. Sur le coup de l'émotion Wilde s'enfuit, mais le lendemain, lorsqu'il retourne dans la chambre, le corps a disparu et nulle trace de sang. Sans corps, la police ne semble pas vouloir mener d'enquête, Oscar Wilde décide donc de découvrir lui-même l'assassin du jeune Billy.

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Nous devons être les amis de ceux qui n'en ont pas (p.58)
Par cette phrase, Oscar Wilde annonce son intention : puisque la police, et plus particulièrement l'inspecteur Aidan Fraser que lui a chaudement recommandé son ami Arthur Doyle, ne peut pas, ou ne veut pas enquêter sur la mort et la disparition du pauvre Billy Wood, un jeune garçon de ses amis, un élève auquel il apprenait la lecture et le théâtre, il va mener son enquête, et parvenir à retrouver le(s) coupable(s).

Autour de lui :
- Robert Sherard (qui sera notre narrateur sous la plume de Brandreth)
- le docteur Arthur Conan Doyle (un ami De Wilde aux conseils avisés et aussi l'auteur des aventures de Sherlock Holmes dont il est question dans ce roman)
ainsi que des personnages un peu plus romancés :
- Veronica Sutherland (la fiancée de Fraser, une femme affolante qui tourne la tête de Sherard),
- la mère du jeune Billy,
- son oncle : une brute avinée, de jeunes espions londoniens qui ont des airs de David Coperfield
- les romans sont aussi des personnages : Oscar Wilde est en train d'écrire le "Portrait de Dorian Gray", ce qui suscite une remarque au sujet de Millais, que l'on croise aussi et du portrait de Sophie Gray.

Je découvre Wilde. Enfin, pas tout à fait, c'est mieux : c'est Oscar Wilde dans une pseudo réalité, je vous assure qu'on l'on pourrait se croire dans les rues de Londres, à prendre le cab et à boire du Champagne. Nous entrons à pas feutrés à l'Albemarle, le Club d'Oscar Wilde.

De l'enquête, je ne veut rien dévoiler ; personnellement, je pense que l'intérêt du roman est plus dans la découverte du monde victorien que celui d'une énigme policière à laquelle il est difficile de croire vu les invraisemblances. Peut-on imaginer un Oscar Wilde s'enfuir d'une scène de crime et n'y revenir que le lendemain en trouvant la force de vivre normalement entre temps ?

Pour le reste, tout y est : les auteurs, les acteurs, les endroits, la mode, la condition de la femme, tout est brossé avec élégance et finesse.
- C'est la vérité, rétorqua vivement Miss Sutherland. Vous, Aidan, et le Dr Doyle, ainsi que Mr. Wilde et Mr. Sherard, avez tous bénéficié d'une éducation universitaire. Pourquoi ? Parce que vous êtes des hommes. On me la refuse. Pourquoi ? Parce que je suis une femme. C'est consternant. Révoltant même ! Et cela ne suscite chez vous pas la moindre réaction, excepté des rires ! Les seules femmes autorisées à pénétrer à l'intérieur de nos sacro-saintes et vénérables universités, ce sont les femmes de ménage et les maîtresses. C'est scandaleux, Aidan, et vous le savez bien. (p.152)
Il est, bien entendu, question d'homosexualité, celle d'Oscar Wilde en filigrane, quand l'auteur y fait allusion, mais dans le récit qui nous occupe, Wilde n'est pas encore de ce bord, quelques personnages, franchement présentés comme homosexuels, dont le pauvre Billy.
La saynète que jouait nos amis n'était que le fruit de leur imagination, peut-être l'histoire d'un prêtre et de son disciple. le hiérophante prépare le jeune myste en lui rasant le corps avant de l'oindre d'huile sacrée. le rasoir participe à l'acte de purification... Et la purification précède à la consommation.
- C'est barbare !
- Barbare ? Pas du tout. C'est très anglais. Ou devrais je dire Britannique ?

Je dois avouer que Brandreth fait preuve du légendaire humour britannique lui aussi.

Une belle lecture, un véritable condensé de "victorian" attitude !
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