AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


« Ces viols, ces avortements, ces solitudes, cette vérité crue livrée sans fards aux oreilles de millions d'inconnus » : oui, c'est grâce à Ménie Grégoire et son émission radiophonique que les femmes des années 60 et 70 ont pu enfin oser dire leur mal-être, leur souffrance aigüe ou lancinante.

Ménie Grégoire, je la connaissais de nom, car j'étais enfant à cette époque, et je me souviens qu'un jour, mon propre père a dit « Ménie Grégoire, ce n'est pas intéressant, c'est le courrier du coeur ».
Mais non ! Ménie Grégoire, ce n'est pas cela !
Ménie Grégoire, c'est davantage qu'une écoute empathique de femmes en souffrance, c'est la révélation d'une société qui ne vit que pour les hommes et par les hommes. « Elle avait poussé ses petites camarades à bouleverser les règles tacites d'une société qui tenait debout sans se poser de questions »
Ménie Grégoire a fait bouger les choses, les préjugés sensés être immuables sur les femmes et leur place dans la société : enfanter, enfanter, enfanter, être au service du mari et des enfants, c'est tout.

Ce roman qui n'en est pas un, mais plutôt une biographie romancée et chorale de cette femme hors du commun, relate le travail d'une jeune auteure qui a voulu se défaire elle-même d'une relation toxique et qui s'est sentie aidée par sa recherche sur Ménie Grégoire.
« J'aurais pu m'arrêter là, relater le destin d'une bourgeoise, miraculeusement lancée dans une autre vie à l'aube de la cinquantaine, qui a rencontré un mouvement de société inédit et libéré la voix des femmes de toute une génération. Une femme racée, intelligente et sensible qui s'est trouvée au bon endroit, au bon moment. Mais j'ai tout de suite su que je ne m'arrêterais pas là ».
Des extraits de lettres ponctuent ce travail, la narratrice disant avoir fouillé les archives de la radio pour retrouver toutes les traces de cette émission qui a changé le regard sur les femmes.
En fait, Adèle Bréau est la petite-fille de Ménie Grégoire, et elle sait ce qu'elle raconte ! Y compris la relation de Ménie avec sa famille, ses enfants, son mari.

Le livre ne s'arrête donc pas aux années 60 et 70, mais porte un regard sans concession sur notre monde d'aujourd'hui :
« Les femmes avait obtenu la contraception, le droit d'avorter, celui de travailler. Elles avaient eu ce qu'elles voulaient, elles n'allaient pas continuer d'emmerder le monde ».
C'est pour cela qu'il faut rester vigilant !
Commenter  J’apprécie          384



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}