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Critique de DelleCL


Lorsqu'il est question de la Shoah, de déportation, et quand de surcroît, ce sont les enfants qui sont les victimes, quand on place dans la même phrase les noms d'Izieu et de Klaus Barbie, mon coeur remonte.

Alors c'est avec évidemment une émotion intense que je me suis lancée dans ce roman graphique, qui traite de la rafle des 44 enfants d'Izieu et de certains adultes éducateurs, du destin qu'on leur connaît, et de "l'après" des survivants : Léa Feldblum, déportée avec les enfants et qui sera finalement la seule rescapée d'Izieu, Gabrielle Perrier, l'institutrice de la colonie qui était absente au moment de l'arrestation, Léon Reifman, l'étudiant en médecine qui a échappé aux Allemands, et bien évidemment Sabine Zlatin, la directrice de la Maison, partie chercher une solution de repli pour les enfants de la colonie alors qu'elle savait qu'Izieu n'était plus un lieu sûr.

On connaît l'histoire : sur ordre de Klaus Barbie, les 44 enfants de la colonie d'Izieu et 7 de leurs éducateurs sont arrêtés le 6 avril 1944 et d'abord internés à Drancy avant d'être déportés à Auschwitz. Aucun des enfants ne survivra, seule Léa Feldblum reviendra, après avoir servi de cobaye à des expériences médicales.

Derrière les faits, le récit donne une individualité à chacun, même furtivement à certains des enfants, les planches nous mettent face à la peur indicible des petits lors de la déportation, certaines vignettes – même des pages, sont insoutenables tant la détresse et la violence sont immenses. On a beau savoir ce qui s'est passé, c'est toujours douloureux quand des mots sont mis, et les dessins qui personnalisent les personnages donnent encore plus de relief aux émotions. On passe d'un cadre presque idyllique (campagne verdoyante, encadrants bienveillants, enfants insouciants, ou presque) à l'enfer terrestre où il n'y a qu'effroi et désolation. Les allers retours de l'un à l'autre dans le récit sont autant de douches glacées.

Beaucoup de thématiques fréquemment soulevées lorsqu'il est question de la Shoah sont évoquées dans ce roman graphique : la recherche du délateur, la culpabilité et le poids porté par les survivants, le témoignage et la transmission. Comment ne pas rester sans voix devant le visage en larmes de Gabrielle Perrier lorsque, au procès Barbie, elle murmure « ma place était aux cotés de ces enfants » ? Et les larmes me sont montées aux yeux lors de derniers instants de Sabine Zlatin.
Si, tout au fil de ma lecture, j'ai été hantée par les fantômes de ces petits enfants disparus, les dernières pages m'ont apporté une sorte d'apaisement bienvenu après ces montagnes russes émotionnelles.

Un dossier photo clôture le livre, nous découvrons des photos de la colonie avant l'arrestation, des tranches joyeuses de vies ordinaires avant la rafle, et d'autres, de commémorations à la Maison d'Izieu.
Les livres, les récits, les témoignages sur la 2ème guerre mondiale sont tous difficiles et nécessaires. La Rafle d'Izieu est difficile et nécessaire, mais avec une résonance particulière, immense. Parce que les auteurs ont tout le temps maintenu un équilibre parfait entre émotion brute et le recul qu'il faut à la dignité des survivants.
A lire, évidemment.

Je remercie #netgalley et #laboiteabulles pour cette découverte.
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