AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ER84


Qu'est-ce que j'ai reçu dans ma boîte aux lettres dans le cadre de l'opération Masse Critique ? Eh bien, il s'agit de la Lance du Désert, le tome 2 de la saga de l'homme-rune, sobrement intitulée le Cycle des Démons. Un cycle qui ne vole pas son nom, dès la lecture du pitch de la série : le jour appartient aux hommes, et la nuit aux démons. Depuis maintenant des siècles, l'humanité vit cloîtrée derrière des enceintes runiques les protégeant des démons qui vivent au coeur de la terre. Toutes les nuits, ceux-ci sortent des entrailles du monde et massacrent, en bon prédateurs surnaturels, tout être vivant se trouvant devant eux. Ayant depuis longtemps oublié les secrets pour lutter contre cette engeance démoniaque, les hommes se terrent comme des lapins dans leurs villes et leurs hameaux, priant chaque nuit que leurs protections magiques ne leur fassent pas défaut et ne livrent pas tout ce qu'ils ont de plus cher en pâture aux griffes et crocs de l'obscurité.

Encore un bouquin de Fantasy, avec un sauveur de l'humanité, patati patata, me direz-vous... Ce à quoi je vous répondrai QUE NENNI ! Enfin oui, mais pas seulement. Si j'ai été conquis par cette oeuvre, c'est bien parce qu'elle sort des sentiers battus et qu'elle propose un univers et un style à la fois original et captivant. Amateurs d'histoires sombres (et parfois gores), prêtez-moi un oeil attentif. L'auteur (Peter V. Brett) parvient parfaitement à retranscrire cette ambiance de danger permanent où la vie ne tient qu'à une rune. Imaginez un monde tout les soirs, vous devez vérifier chaque symbole ornant (ou entourant) votre maison sous peine, par la moindre étourderie ou hasard malencontreux, de mourir. Creepy. L'auteur joue énormément sur ce sentiment d'insécurité et sait donner les bons frissons au bon moment ("mais pourquoi il sort du cercle, il est fou, La nuit tombe" etc etc.), d'autant que les combats et autres affrontements sont souvent brefs et brutaux. Pas de fioritures, ça tue et éventre a foison.

L'intérêt de la lecture vient aussi de découvrir un monde basé entièrement sur ce phénomène démoniaque. On sent que Peter V. Brett a mûrement réfléchi sur son oeuvre et qu'il ne s'est pas contenté de dérouler l'histoire de héros, mais bien de construire le monde qu'il y a autour. Au cours des pages le lecteur peut découvrir l'impact de cette situation sur la vie quotidienne des différentes communautés, nations et civilisations et voire leurs réactions face à la peur s'incarnant chaque nuit au pas de leur porte. Sans être au coeur du récit, on perçoit les questions d'ordre idéologique, théologique, voire même sur l'urbanisme (à quoi ressemblent des terres où vous ne pouvez pas voyager plus d'une journée sans vous faire massacrer ?) modelant le monde de la surface.

Si le contraste jour/nuit est d'autant plus présent, l'univers est loin d'être manichéen. La menace omniprésente des forces vivant au coeur de la terre n'empêche en rien les petits seigneurs de mener leurs guerres et autres complots de roitelets avides de pouvoir. Les héros sont torturés. Pour les faire sortir du quotidien dans lequel se terrent aveuglément tous les hommes (ou presque), il faut forcément un choc, une expérience forte et traumatisante qui leur fera ouvrir les yeux et affronter leur peur du noir. de ce côté-là nous sommes plus que servis, je vous laisse la surprise mais la moindre des choses que l'on puisse dire est que c'est... mouvementé.

Et le tome 2 dans tout ça ? A vrai dire j'ai préféré parle de l'ambiance générale de la saga pour ne pas trop spoiler, mais il est temps de lâcher un peu le morceau. Forcément, au vu le titre, La Lance du Désert, les lecteurs du premier livre connaitront déjà le sujet majeur du roman. C'est une bonne moitié du livre qui est consacré a Krasia et l'ascension de son héros, et si au début on se surprend a soupirer un peu en espérant que cette génése soit vite bâclée pour en revenir à nos chouchous du premier volume, finalement le récit accroche et nous faire découvrir la face cachée d'un autre personnage phare de la saga. L'attachement à ce dernier coule alors de source et il devient difficile de le haïr autant qu'on le souhaiterait. Dans un roman il y a rarement la place pour deux héros, et nous sommes maintenant pendus à la plume de l'auteur en essayant de deviner le destin qu'il réserve au(x) Libérateur(s)...

Si la petite bande de l'homme-rune était encore à ses premières maladresses un livre précédent, elle assume désormais pleinement sa dimension héroïque. Ce ne sont plus de simples vagabonds, mais bien des meneurs d'hommes jonglant habilement avec les démons et les puissants royaumes pour arriver à leurs fins. On voit apparaître ce qui pourrait s'apparenter à des "objets magiques", et si l'engeance démoniaque était une menace informe et mal connue auparavant, on commence à percevoir un semblant d'organisation dans le coeur de la terre... Bref, la tension monte d'un cran. Mais je n'en dit pas plus, si ce n'est que le livre est à la hauteur du premier et aborde les personnages principaux d'une toute autre manière. On sent que la trame évolue à grands pas, et si l'on peut bâtir des hypothèses sur la suite de la saga, bien malin celui qui pourra prévoir quel tournant va prendre L Histoire...

En conclusion, vous l'aurez compris (si vous m'avez lu jusque là!), je ne peux que vous recommander cette lecture qui vous portera loin des sentiers battus de la High/Heroic-Fantasy. Pour vous faire une idée, si j'attends avec extrêmement d'impatience A Dance With Dragons de R.R. Martin en juillet prochain, je reste tout autant aux aguets en ce qui concerne la parution du tome 3 de ce Cycle des démons. C'est dire !

Demoniaquement vôtre,

Jim.
Encore merci à Babelio pour la découverte.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}