Le choc épistémologique final est intervenu en 1976, quand le duo Giscard-Haby – alors ministre de l’Éducation – a décidé, de manière si rapprochée que les deux événements, concomitants, étaient forcément coordonnés, deux mesures dont les effets combinés ont produit l’actuel désastre. (...)
Ces deux mesures sont le collège unique (loi Haby du 11 juillet 1975) et le regroupement familial (29 avril 1976). Ce décret signé par Jacques Chirac, suspendu un temps par Raymond Barre (en novembre 1977) et finalement avalisé par le Conseil d’État le 8 décembre 1978, est la cause première des mutations imposées à l’École quelques mois auparavant.
Ne pas croire pour autant que quelques grandes intelligences se sont un jour réunies pour manigancer le déclin de l’École. On se rappelle la jolie formule de Michel Rocard : « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. » À l’hypothèse somme toute flatteuse d’une conspiration de bons esprits, préférez toujours celle d’une conjuration des cloportes.
Darwin encore : la société libérale n’a pas besoin d’un peuple cultivé. Elle a besoin de consommateurs semi-illettrés, susceptibles d’être déplacés comme des pions dans un système ubérisé des pieds à la tête, abrutis de télévision, manipulés à chaque élection pour la plus grande gloire d’une caste en autoremplacement.
ce n’est pas la gauche, chargée de tous les péchés pédagogiques, et qui les a assumés et renforcés dès qu’elle a été au pouvoir, qui a voulu à l’origine cette École déficiente. C’est la droite, avec la bénédiction des autorités européennes. Pas n’importe quelle droite. Disons la droite européaniste et bientôt giscardienne qui s’est trouvée aux manettes, pour ce qui est de l’École, dès les années 1960.