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Critique de gerardmuller


Les droits du désir/André Brink
Ruben habite seul une grande maison ancienne pleine de souvenirs dans un quartier résidentiel du Cap en Afrique du Sud. Il est veuf de Riana qu'il avait épousée contre vents et marées, les parents de Riana étant fermement opposés à ce mariage. Il était bibliothécaire lorsque le changement de régime politique dans le pays a provoqué son licenciement :
« Pendant des décennies les gens se sont fait virer parce qu'ils étaient noirs. Aujourd'hui parce qu'ils sont blancs. »
Il a un peu plus de la soixantaine, une maladie de coeur, une passion pour la musique classique, et ses deux enfants qui habitent en Australie pour l'un et à Johannesburg pour l'autre, lui ont conseillé de prendre des locataires, un couple de préférence. Par mesure de sécurité. le Cap est une ville où règne la violence au même degré pratiquement qu'à Johannesburg.
Finalement, c'est une jeune femme Tessa, la trentaine, qui présente le meilleur profil pour cette location. Il se produit alors une métamorphose en Ruben :
« La présence de cette fille avait un je-ne-sais-quoi de curieusement rassurant, comme si sa place avait été ici, l'avait été de tout temps : on aurait dit la fille de la maison…Du moment où elle était entrée dans mon bureau et dans ma vie le premier soir, nous avions entrepris pour ainsi dire un voyage en conversations. »
Une connivence intellectuelle va s'établir entre Ruben et Tessa, une pointe de désir se glissant par moment dans l'esprit te le corps de Ruben :
« Seul importait cet espace infime que nous partagions par le plus pur des hasards et de façon ô combien éphémère. Nos vie continueraient leurs chemins respectifs, mais, à cet instant-là, nous étions réunis, aux abords d'autres lieux plus secrets, que nous pouvions décider ou non d'aller explorer… Les vides de la conversation signifiaient que l'un et l'autre nous nous scrutions. Nous étions à l'affût des signaux indicateurs du territoire muet dont nos paroles tentaient de dessiner les contours… »
Ruben qui n'avait plus de vraies raisons de vivre va résister longtemps à l'attrait qu'exerce sur lui Tessa qui va bousculer ses habitudes de veuf et aussi modifier sa façon de penser.
L'autre personnage important, c'est Magrieta, son employée de maison noire, sa confidente, avec un don de clairvoyance étonnant, qui saisit tout sans un mot, l'esprit pratique, terre à terre, toujours affairée, parfois brusque mais directe. Magrieta qui voit mais ne dit rien : elle détient des secrets insoupçonnés.
Un très beau roman d'amour d'André Brink, avec en toile de fond une évocation sans concession de la vie parfois dangereuse en Afrique du Sud, l'accession de Nelson Mandela au pouvoir n'ayant diminué ni criminalité ni la corruption, et des réflexions sur la vieillesse et sur les rites du désir :
« Au coeur noir de toute chose : l'énigme du désir. L'attrait du changement, l'envie de goûter à la saveur douce-amère du fruit défendu ; le déplacement de ce qui est vers ce qui n'est pas encore… »
Un thriller psychologique dans lequel André Brink fait montre de tout son talent dans la construction, ménageant un suspense étrange dans la relation entre Ruben et Tessa.
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