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Critique de LeScribouillard


L'amour est-il tel qu'on se l'imagine ? Oui et non. "Le Banquet" est-il un bon livre ? Oui et non. Une bonne porte d'entrée pour la philo ? Oui et non. Une lecture agréable sur laquelle finir ses vacances ? Clairement pas.
Vous qui me lisez maintenant, "Le Banquet" a été pour moi une des lectures les plus pénibles de ma vie, à la hauteur de se comparer au "Blé en Herbe" ou à "Un éclat d'argent". Des dizaines de pages défilent sous vos yeux à une lenteur défiant toute loi physique, avec des sauts de paragraphe d'une rareté exotique, donnant lieu à des élucubrations en tous genres pour les trois quarts n'ayant absolument rien de philosophiques (et c'est sans compter la traduction qui a le cul entre deux chaises). Et pourtant, force m'est de dire qu'il s'agit tout de même d'une lecture indispensable pour quiconque voudrait étudier cette science.
Disons-le, c'est ardu, c'est bourré de notes que je n'ai même pas lues ; et des fois, autant d'exigence ne sert pas à grand-chose. Prenons par exemple la mise en abyme multiple qui inaugure le récit de manière à le faire passer pour un mythe. Moi, ça me pose deux problèmes :
1. Ce n'est pas indispensable à l'histoire, sans compter que j'en vois mal l'intérêt, étant donné que c'est drôlement détaillé pour un mythe sensé être de tradition orale ;
2. NATHAN : le Scribouillard continua sa critique en disant :
LE SCRIBOUILLARD : Et étant donné que le texte est rédigé sous la forme de dialogues, on se retrouve constamment avec à la fois des didascalies internes et externes qui se répètent, dit-il. Vous voyez, comme ça vient de faire à l'instant !? Alors, oui, je sais, j'utilise un vocabulaire issu du théâtre alors que ça n'en est pas, mais le problème est là.
Ensuite, l'histoire, extrêmement simple : nous sommes dans un banquet, et les invités vont dire à tour de rôle ce qu'ils pensent de l'amour. Alors bien sûr, Socrate n'est pas encore là, donc c'est mythes et compagnie. Je vais probablement commettre un blasphème en disant ça, mais c'est long, très long, même pour un amateur de drone ambient qui en a écouté un morceau qui durait 4 heures 18, presque 19. L'intérêt historique et ethnique reste fort, mais le lecteur non spécialiste pataugera allègrement dans la semoule en écoutant une bande de barbus à poil répéter que l'amour c'est beau, et que du coup c'est normal que les femmes puissent pas le ressentir, parce que les femmes, c'est les femmes quand même, et du coup c'est pas la même chose que pour les hommes, hein !
Et puis Socrate arrive et met tout en branle. Et ça donne. C'est toujours assez long, mais au moins on a enfin quelques raisonnements à se mettre sous la dent, logiques et cohérents. Et puis la fin du livre arrive, Platon trouve un moyen de finir l'histoire en vitesse avec l'arrivée d'une bande d'ivrognes qui vient foutre la foire, mais disons-le, malgré tout, ç'aura été très, très laborieux.
Ce n'est qu'avec une excellente prof que l'on parvient à prendre conscience de la profondeur développée par l'ouvrage. Les discours, s'ils peuvent sembler interminables, ne sont pas gratuits pour autant, étant donné qu'il s'agit d'autant de considérations pré-philosophiques sur l'amour qui, si on prend le temps de les analyser, révèlent beaucoup plus de choses sur leurs interlocuteurs que sur Éros. Nous pouvons alors également comprendre les concepts mis en application par Platon et Socrate, car n'oublions pas que la philosophie n'étant alors qu'à ses prémisses, les auteurs n'avaient pas le vocabulaire spécialisé dont nous disposons aujourd'hui.
Bref, il s'agit d'un livre qu'on ne peut comprendre vraiment (et apprécier) qu'en cours. Je n'aurais jamais penser dire ça un jour, mais il s'agit d'une oeuvre à découvrir à l'école, dans un cadre scolaire. En tout cas vraiment pas tout seul.
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