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Critique de beatriceferon


Ils sont trois amis inséparables. Il y a Alexandre, le dandy, Jean, conducteur de bus et propriétaire du camping-car et Francis, dit Moz.
Tous les dimanches, ils se retrouvent pour dîner ensemble, parler de leur vie, refaire le monde. Jusqu'au jour où Moz manque à l'appel. Est-il malade ? Mourant ? Mort, peut-être ? Mais non. Il vit toujours. Hélas, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Pas un mot sur ce qui lui arrive. Les deux autres décident donc de lui tirer les vers du nez en douceur au cours d'une petite virée en camping-car.
A l'issue du voyage, les trois compères devront faire des choix et peut-être prendre une nouvelle direction.
Dès la première page, j'ai le sourire aux lèvres en découvrant le titre du chapitre : « Rue Croulebarbe ». Je me rappelle le « Brouillard au Pont de Tolbiac » de Léo Malet, dans lequel Nestor Burma énumère quelques noms de rues pittoresques et dit qu'à la « Rue Croulebarbe ne siège pas l'Académie française ».
Tous les chapitres nous renvoient à des lieux (mais où sont donc passées les tables de matières, tellement pratiques!?)
L'auteur présente ses trois personnages et, de temps en temps, à travers un chapitre écrit en italiques, nous pourrons découvrir des informations complémentaires à propos de leur passé.
Alexandre et Dolorès font figure de couple modèle. Jeannot est une sorte de Don Juan et sa façon de parler de la conquête amoureuse est assez choquante : « Pas d'attachement, pas de serment ni de toujours : de la nouveauté, rien que de la nouveauté. Voilà précisément où Jeannot en était avec Isabelle, rencontrée à la terrasse d'un café. Samedi, au musée du Luxembourg, il essaierait de la ferrer sec. » Que voilà une façon élégante de transformer la femme en proie ! (En poisson, même).
Quant à Moz (diminutif de Mozart), c'est un taiseux, investi dans son travail et l'univers de la grande musique. Son enfance difficile explique son caractère taciturne. C'est lui que je trouve le plus attachant.
Alexandre, je ne l'aime pas. A priori, pourtant, il devrait me plaire. Raffiné, il est curieux de tout et ne perd pas une occasion de parfaire une culture déjà encyclopédique. Comme on le paie à ne rien faire (en voilà un qui a de la chance!), il peut visiter à l'envi les expositions et aller au cinéma. Pourtant, il n'est pas totalement oisif. Il rédige et prononce des oraisons funèbres pour les chiens qu'on enterre à Asnières. Bien qu'il ait de confortables moyens, il n'hésite pas à spéculer sur la douleur des maîtres et à leur extorquer de véritables fortunes. Cela ne l'empêche pas de n'avoir ni empathie ni respect pour les animaux ou la douleur de leurs propriétaires. « Il se tenait comme un acteur en scène (…) Qu'y avait-il de triste dans ces funérailles canines ? (…) Contrairement à ce qu'il advient aux hommes, Alexandre savait que le caniche disparu serait remplacé dans la semaine par un frère en tous points comparable ». Parce qu'il est bien connu que les humains, veufs et veuves restent éternellement en deuil et inconsolables. Allons donc ! Il ne lui vient pas à l'idée que « remplacer » n'est pas le mot qui convient. On ne remplace jamais un compagnon perdu (je parle en connaissance de cause), mais on cherche à combler un vide insupportable.
Je ne l'aime pas non plus parce qu'il n'a ni considération ni respect pour son ami Jeannot, très attaché à son vieux chien infirme. Alexandre refuse que Jeannot l'emmène dans son camping-car parce qu'il « pue » et qu'il « est moche avec sa patte en moins ». Moi, c'est avec Jeannot que je suis d'accord, et, à sa place, j'aurais dit à Alexandre : « C'est MON camping-car. J'y emmène qui je veux et d'abord mon chien. Si t'es pas content, trouve-toi un autre moyen de transport. »
D'ailleurs, dès la première étape, ce mari et ami fidèle laisse ses copains en plan et s'en va courir le guilledou. Évidemment, selon lui, c'est sa compagne la fautive. Comme elle s'occupe des femmes battues, elle n'est plus à sa disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et donc, elle mérite d'être trompée. A la place de Dolorès, je l'aurais jeté à la rue. Trompeur ? Menteur ? Allez ouste, du balai. Je n'ai pas besoin de ça chez moi.
Ce Monsieur Je-sais-tout fait visiter le musée Rimbaud à Charleville-Mézières, et il parle, des trémolos dans la voix, de « maison natale du poète ». Je ris. Déjà, au premier coup d'oeil, on voit bien que ce bâtiment n'a rien d'une demeure familiale (c'est, en réalité, un ancien moulin), mais en outre, je trouve qu'avant d'écrire des bêtises, l'auteur aurait pu se renseigner !
La fin est bâclée et tirée par les cheveux.
Donc, pendant ma lecture, je ne me suis pas ennuyée et j'ai eu envie de poursuivre jusqu'au bout, mais une fois la dernière page tournée, j'ai trouvé qu'on n'en retirait rien et que ce livre serait aussi vite oublié que lu.
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