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Critique de PrinceEndymion


Sur la couverture de l'édition de 1957 de ce roman, une femme dotée d'une cascade de cheveux roux, avec un air de Maureen O'Hara, regarde dans le lointain, avec à l'arrière plan les immeubles de New York. Mrs Parkington est un récit que je suis très tenté de qualifier "d'antirêve américain". Et pourtant, au début du roman, lorsque j'ai découvert l'immense bric-à-brac de l'héroïne (les robes de chez Worth, le collier de diamants, les porcelaines de Dresde), j'ai vite pensé le contraire. J'ai volé de surprise en surprise avec cet ouvrage qui nous fait découvrir quelle fut l'existence de Susie Parkington. Lorsque le récit débute, Susie est une dame de quatre-vingt quatre ans, habitant dans un somptueux appartement qui surplombe New York. Elle s'apprête à célébrer Noël avec ses descendants, mais ne peut s'empêcher d'éprouver de l'appréhension tant ses héritiers sont inconséquents peu intelligents, contrairement à elle. Des situations vont alors s'enchaîner et pousser l'aïeule à se remémorer le passé afin de comprendre ce qui s'est vicié, en dépit de ses efforts pour inculquer de solides valeurs morales à ses enfants, lesquels s'agrippent désespérément à leurs prérogatives, persuadés que l'argent les place au dessus de tout.

Nous découvrons l'histoire de Susie, lorsqu'elle travaillait aux cuisines d'un petit hôtel de Leaping Rock, jusqu'à ce qu'une tragédie bouleverse son quotidien. Tel un deus ex machina, Augustus Parkington surgit dans l'existence de Susie et la happe dans son univers, et lui fait gravir les échelons en un éclair, et transforme la jeune ingénue en une dame du monde. Mais pour Augustus, avide de prestige et de reconnaissance, cette étape n'est que le début d'une folle course aux vanités et à l'opulence. car cette ascension sociale se fait dans la plus pure amoralité: pour Augustus, seul le triomphe compte, peu importe que des gens pâtissent de ses machinations.

Quel roman stupéfiant! D'une certaine façon, Mrs Parkington est le pendant féminin de Jay Gatsby: à l'instar de ce dernier, elle a accédé à un univers exclusivement fondé sur l'argent, qui aurait dû rester inédit pour elle. Ce récit annonce la fin d'un monde et d'une époque (ce que Susie précise à plusieurs reprises au cours de l'intrigue): le récit se déroule entre l'entrée en vigueur du New Deal et ses échec, et la Seconde Guerre mondiale. Susie voit bien que le capitalisme s'essouffle et se retrouve à l'agonie, au grand dam de ses héritiers qui ne veulent nullement renoncer à l'insouciance que leur procure l'argent. Véritable manifeste hostile au mercantilisme et au puritanisme, Mrs Parkington est un roman prônant la recherche de l'humanisme et de l'altruisme. Servi dans une prose raffinée et aussi acerbe que l'héroïne elle-même, cet ouvrage dévoile les secrets d'un rêve américain qui s'amenuise et ne repose que sur le paraître et le superflu, l'imposture, l'hypocrisie, et la malveillance.
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