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Mrs Parkington a 84 ans et sa vie a été riche en évènements et en rencontres. Elle prépare les fêtes de Noël dans son luxueux appartement de Park Avenue. Toute la famille doit se retrouver : sa fille, les enfants et petits-enfants de ses deux fils disparus. Mrs Parkington se force à maintenir cette tradition mais à part son arrière-petite-fille Janie, elle ne porte pas sa famille dans son coeur. Elle les trouve peu intelligents, gâtés par l'argent et sans vie. "En vérité, si la plupart des convives n'avaient pas été le fruit de sa propre chair, aucun d'eux n'aurait jamais été invité à cette table. Mrs Parkington se força à suivre quelques-unes des conversations particulières qui s'étaient engagées espérant surprendre quelque phrase, quelque remarque, quelque pensée d'où jaillirait une étincelle, comme lorsqu'une barre de fer frappe un silex ; elle avait tant besoin d'un peu de chaleur humaine !" Les membres de sa famille sont de plus complètement incapables de gérer leurs affaires et font sans cesse appel à l'avis de la doyenne. Mrs Parkington se sent par moments si lasse…heureusement qu'elle peut se remémorer sa vie pour se distraire.

J'avais découvert Louis Bromfield avec "Précoce automne" et j'étais restée un peu sur ma faim. "Mrs Parkington" a en revanche été un vrai coup de coeur. Ce roman est absolument délicieux, l'écriture y est fluide, ciselée. Les flash-back sur la vie de Mrs Parkington s'insèrent de manière parfaite dans le récit présent, nous suivons le cours des pensées de la vieille dame.

Susie Parkington est issue d'un milieu pauvre, elle travaillait dans un hôtel près d'une mine avec ses parents à Leaping Rock. C'est là qu'elle rencontra le major Parkington, de seize ans son aîné. Il l'épouse à la mort de ses deux parents lors de l'effondrement d'une mine. le major veut conquérir le monde, être toujours plus riche et ce à n'importe quel prix. L'époque est propice aux coups bas et aux escroqueries. le major devient multimilliardaire et conquiert la haute société grâce au charme et à l'intelligence de sa femme. Rien ne résiste au couple Parkington, l'argent ouvre toutes les possibilités. "Fils d'un épicier villageois, le major Parkington avait souhaité devenir un personnage de légende, laisser lui survivre une nombreuse descendance qui contribuerait à accroître sa propre gloire et à faire subsister son nom dans l'histoire. Mais il n'avait pas pensé au pouvoir maléfique de la richesse mal employée…" Et c'est ce que constate Mrs Parkington, sa descendance est figée dans ses privilèges. le monde change sans que ses petits-enfants s'en rendent compte, sans réagir. L'Amérique est en guerre, le New Deal de Rossevelt a réformé les marchés financiers. Les manoeuvres datant de l'époque du major ne peuvent plus avoir cours et les financiers véreux payent l'addition. Mrs Parkington voit la déchéance de son clan d'un oeil navré et mélancolique. Rien ne peut éviter la ruine à ceux qui n'ont pas su voir la fin de leur caste. Mrs Parkington ne peut que limiter les dégâts et sauver la vie de son arrière-petite-fille Janie.

La lecture de "Mrs Parkington" fut un régal, le personnage central est extrêmement attachant, d'une sagesse et d'une finesse psychologique remarquables.
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Tout au long de ce roman nous suivons Susie Parkington, riche veuve de 84 ans, aux prises avec une descendance peu sympathique, essayant de résoudre leurs déboires financiers et amoureux, les recevant tour à tour dans ses appartements (mon Dieu, me suis-je dit, ne peuvent-ils pas la laisser tranquille cette brave dame, à venir pleurer et se plaindre encore et encore, chacun leur tour !? Quand peut-elle se reposer ? Et puis, de quoi se mêle-t-elle après tout ?) Franchement, j'ai dû m'accrocher et persévérer pour aller au terme de ce roman très daté où rien ne se passe vraiment. Certes, la vision d'une Amérique en pleine transformation,entre l'ancien et le nouveau monde, des digressions sur la supériorité de la probité sur la cupidité sont justes mais tout cela est diantrement lent.
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New York, années 1940. Susie, l'aïeule de la famille Parkington, s'apprête à recevoir ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants pour Noël dans son riche appartement. Tous l'écoeurent, ou presque. Héritiers d'une fortune immense, ils n'ont rien accompli de leurs vies et se considèrent au-dessus des lois et des hommes. Sauf peut-être Janie, cette jeune femme sensible et intelligente, que Mrs Parkington voudrait tant sauver des griffes de ses ternes parents. Cette fortune leur vient du major Parkington, le mari de Susie, redoutable homme d'affaires, financier retors, voire escroc, qui sut conquérir l'Amérique au temps de l'explosion du chemin de fer, des compagnies minières et de l'exploitation des richesses de ce continent inexploré.

5 bonnes raisons de lire ce roman :

- il est réjouissant de suivre les pensées d'une vieille dame qui a acquis la sagesse qu'apporte l'expérience de la vie et gardé malgré tout l'âme de cette jeune fille qui faisait les repas dans un hôtel délabré du Nevada. Voir avec ses yeux, c'est voir le monde avec plus d'acuité, plus d'intensité.
- c'est le portrait d'une femme libre, qui ne s'est jamais vraiment habituée ni soumise aux conventions de la haute-société new-yorkaise sur laquelle elle a régné et dont le sang s'échauffe encore à la vue d'un cowboy simple et vrai ;
- c'est le portrait d'une femme forte, qui est, malgré son âge, la colonne vertébrale de toute sa famille. Aucun d'entre eux ne peut prendre de décision sans la consulter, elle les soutient à bout de bras et force notre admiration. Véritable chef de clan, Mrs Parkington semble la seule à vraiment comprendre les changements du monde qui l'entoure et même si la lassitude peut l'envahir, elle n'y succombe jamais.
- c'est l'histoire du rêve américain, des générations qui suivent et dont on parle moins. Par le choix d'une narration alternant entre le présent et des épisodes de la vie de Susie, depuis sa rencontre avec le major, Louis Bromfield embrasse en un même récit l'ascension flamboyante du self-made man et l'aridité de ses descendants qui ont traversé leur vie sans épreuves ni obstacles. Les deux réponses à une question éternelle : l'argent peut-il apporter le bonheur ?
- enfin parce que les premières lignes vous enveloppent comme un bon bain chaud…
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84 ans, c'est l'âge de l'héroïne de ce roman au début des années 40. le livre la suit dans ce qui pourrait être sa fin de vie. Mais de la vie, elle en a encore à revendre, Suzie Parkigton. Son destin en a fait l'épouse d'un homme d'affaires qui s'est enrichi "monstrueusement" et pas toujours dans les règles de la loi. Cependant, elle a toujours aimé cet homme qui a su lui offrir cette vie qui, certes très privilégiée, a connu ,aussi, bien de ces accrocs auxquels personne n'échappe: malheurs, douleurs... A la fin de sa vie, Mrs Parkington jette à la fois un regard sans concessions sur sa vie passée mais aussi sur la famille qu'elle a constituée. Famille dont elle n'est pas pas vraiment très fière: ils ne vivent que dans l'esprit d'être des privilégiés et gaspillent tout ce qu'ils n'ont pas eu à bâtir. Et malgré son âge, elle est leur seule béquille.
De Louis Bromfield, je connaissais "La mousson", lu et apprécié il y a longtemps, mais pas d'autres titres. Ce roman, qualifié par l'éditeur de "roman américain" de l'auteur, est un vrai régal: écriture d'une fluidité remarquable, choix narratif maîtrisé (flash-backs amenés subtilement par exemple), personnage principal attachant et figures secondaires intéressantes, en font une de ces lectures qui touchent et s'inscrivent dans la mémoire. La sagesse de Mrs Parkington y est pour beaucoup aussi. Me donne envie d'explorer l'oeuvre de Louis Bromfield.
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Ce roman s'est retrouvé dans les propositions du club de lecture dans le thème : « écrivains américains ayant habité en France ». J'ai appris ainsi que Louis Bromfield a séjourné des dizaines d'années en France puis, il est retourné dans son Ohio natal pour y fonder une ferme écologique qui se visite toujours. Ce roman, je l'ai lu et relu dans ma jeunesse, j'adorais les passages où Mrs Parkington règle ses comptes avec les médiocres qui n'avaient pour eux que la richesse due à leur naissance. J'ai éprouvé un plaisir très régressif à le lire de nouveau. L'intrigue est bien menée : une riche héritière d'un mari peu scrupuleux qui a amassé une fortune considérable voit s'effondrer un monde basé sur l'appartenance à une classe sociale et qui se croit à l'abri des lois et du commun des mortels. Elle fera tout ce qu'elle peut pour sauver son arrière petite fille des retombées qui vont éclabousser son père qui a épousé la petite fille de Susie Parkington. L'auteur fait de constants retours en arrière qui nous permettent de revivre la vie de cette femme et expliquent pourquoi leurs enfants et petits enfants ont tant de mal à se sentir bien dans leur peau. Trop beaux pour ses fils, pas assez belle pour sa fille, mais dans tous les cas beaucoup, beaucoup trop riches, ils n'auront pas su être heureux. En relisant ce roman, j'ai pensé qu'aujourd'hui les requins de la finance n'ont guère été punis pour leurs actions qui ont ruiné tant de gens dans le monde. Il y a bien des aspects de ce roman auxquels je suis moins sensibles aujourd'hui et que je trouve même agaçants. La place de la femme, qui doit être belle, courageuse, soutenant son mari en toute occasion, et en même temps heureuse, on est loin des combats féministes ! L'idée que l'hérédité explique les difficultés des descendants : les « Blairs » étaient des originaux les enfants seront marqués un peu bizarres. En revanche, j'avais oublié à quel point ce roman était une critique du capitalisme américain et soutenait la politique de Roosevelt, le roman raconte la fin d'un monde fondé sur un capitalisme prédateur et l'arrivée d'un société plus humaine et plus honnête. L'auteur critique beaucoup les Américains qui croient que la naissance leur permettent d'appartenir à un monde au-dessus des lois, ce que je trouve un peu étrange car pour moi l'image de l'Américain est plutôt représenté par le « self made man ». Et finalement, je l'avoue, avoir de nouveau éprouvé de la sympathie pour cette femme extraordinaire même si je ne crois pas du tout que ce genre de personnalité avec toutes ces qualités puisse exister.

Plus qu'un jugement objectif sur ce roman, les cinq coquillages viennent illustrer tous les bons souvenirs que cette lecture m'a rappelés.
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Sur la couverture de l'édition de 1957 de ce roman, une femme dotée d'une cascade de cheveux roux, avec un air de Maureen O'Hara, regarde dans le lointain, avec à l'arrière plan les immeubles de New York. Mrs Parkington est un récit que je suis très tenté de qualifier "d'antirêve américain". Et pourtant, au début du roman, lorsque j'ai découvert l'immense bric-à-brac de l'héroïne (les robes de chez Worth, le collier de diamants, les porcelaines de Dresde), j'ai vite pensé le contraire. J'ai volé de surprise en surprise avec cet ouvrage qui nous fait découvrir quelle fut l'existence de Susie Parkington. Lorsque le récit débute, Susie est une dame de quatre-vingt quatre ans, habitant dans un somptueux appartement qui surplombe New York. Elle s'apprête à célébrer Noël avec ses descendants, mais ne peut s'empêcher d'éprouver de l'appréhension tant ses héritiers sont inconséquents peu intelligents, contrairement à elle. Des situations vont alors s'enchaîner et pousser l'aïeule à se remémorer le passé afin de comprendre ce qui s'est vicié, en dépit de ses efforts pour inculquer de solides valeurs morales à ses enfants, lesquels s'agrippent désespérément à leurs prérogatives, persuadés que l'argent les place au dessus de tout.

Nous découvrons l'histoire de Susie, lorsqu'elle travaillait aux cuisines d'un petit hôtel de Leaping Rock, jusqu'à ce qu'une tragédie bouleverse son quotidien. Tel un deus ex machina, Augustus Parkington surgit dans l'existence de Susie et la happe dans son univers, et lui fait gravir les échelons en un éclair, et transforme la jeune ingénue en une dame du monde. Mais pour Augustus, avide de prestige et de reconnaissance, cette étape n'est que le début d'une folle course aux vanités et à l'opulence. car cette ascension sociale se fait dans la plus pure amoralité: pour Augustus, seul le triomphe compte, peu importe que des gens pâtissent de ses machinations.

Quel roman stupéfiant! D'une certaine façon, Mrs Parkington est le pendant féminin de Jay Gatsby: à l'instar de ce dernier, elle a accédé à un univers exclusivement fondé sur l'argent, qui aurait dû rester inédit pour elle. Ce récit annonce la fin d'un monde et d'une époque (ce que Susie précise à plusieurs reprises au cours de l'intrigue): le récit se déroule entre l'entrée en vigueur du New Deal et ses échec, et la Seconde Guerre mondiale. Susie voit bien que le capitalisme s'essouffle et se retrouve à l'agonie, au grand dam de ses héritiers qui ne veulent nullement renoncer à l'insouciance que leur procure l'argent. Véritable manifeste hostile au mercantilisme et au puritanisme, Mrs Parkington est un roman prônant la recherche de l'humanisme et de l'altruisme. Servi dans une prose raffinée et aussi acerbe que l'héroïne elle-même, cet ouvrage dévoile les secrets d'un rêve américain qui s'amenuise et ne repose que sur le paraître et le superflu, l'imposture, l'hypocrisie, et la malveillance.
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Le roman repose quasiment exclusivement sur le personnage de Mrs Parkington, une vieille femme de 84 ans, qui jette un regard désabusé sur ses contemporains et sa famille. Elle voit et commente les ascensions et les chutes, les mesquineries et les déchéances des hommes, elle espère pour ceux qu'elle aime et tente de sauver ce qui peut l'être.

Ce roman porte un regard sans concession sur les grandes familles, sur les rêves de gloire et l'orgueil de caste qui boursoufle certains représentants. Mrs Parkington est milliardaire, mais bien que vivant dans l'opulence, elle a clairement conscience de qui était son mari et du fait qu'il a écrasé nombre de personnes pour bâtir sa richesse, elle a aussi conscience de la capacité à corrompre les coeurs qu'a l'argent. Bien que pleine de largesses – puisqu'elle veille à ce qu'aucun des siens ne manque de quoi que ce soit, quitte à réparer les erreurs des uns et des autres, elle est d'une lucidité à toute épreuve. Elle jette donc un regard amère et plein d'ironie sur sa propre famille. Pour le lecteur, ce regard acéré et acerbe est vraiment intéressant car il recèle une vraie réflexion sur le monde et sur la chute des grandes familles.

En dehors de Mrs Parkington, peu de personnages sont réellement passionnants dans ce roman, ils sont tous soit présomptueux et drapé dans leur orgueil soit falots, tels des marionnettes qui s'agitent sous les coups du destin. Seule Janie est intéressante, mais elle-même fait figure d'ovni au sein de sa famille. Finalement, parmi ses enfants et petits enfants, la vieille dame ne peut compter sur personne : chacun a ses vices et ses travers qu'elle analyse clairement au crépuscule de sa vie. Une de ses filles est alcoolique, bouffée par une vie qui n'a jamais su emplir son coeur de joie, une autre est envahie par l'amertume et le fiel d'une vie basée sur les apparences mais qui n'a pas été nourricière en amour, en bonheur et en vrai partage. Ses fils sont morts, et la vie facile apportée par l'argent n'a pas été totalement anodine dans leur destin. Les époux de ses filles sont soit truculents mais dans ce cas, ils font des passages éclairs dans la famille, soit des hommes imbus d'eux-mêmes, égoïstes et malhonnêtes tant ils s'estiment supérieurs aux autres. La vieille dame s'agace de cette morgue, et constate la gangrène qui gagne sa famille, inexorablement, comme si les générations nouvelles payaient pour les crimes de leurs aînés. Ce que ce roman montre, c'est aussi que l'argent corrompt les coeurs et les êtres, apportant une fierté illusoire et entretenant un lustre qui n'est que l'apparence du bonheur.

Mrs Parkington, c'est aussi le récit d'une fabuleuse ascension sociale. Rien ne prédestinait Susie à cette vie-là, mais des circonstances exceptionnelles l'ont plongé dans un univers qui n'était pas le sien, dans lequel elle s'est adaptée, contre vents et marées. Les retours en arrière sont le moyen de montrer la femme qu'elle a été, de montrer son parcours, et c'est justement ce parcours qui fait d'elle une femme hors normes : elle a conscience du prix à payer, de la valeur de l'argent et de la vanité du luxe dans lequel sa famille a toujours baigné. Il est donc vraiment savoureux de découvrir les grandes étapes qui ont jalonné sa vie, des moments joyeux, des drames ineffables, et toujours une soif de vivre et d'aller de l'avant, car Susie est une femme forte, d'une grande résilience.

La plume de Louis Bromfield est intéressante : il dissèque un monde fait de faux-semblants, de curiosité malsaine, d'amitiés vaines et creuses, un monde nimbé d'orgueil et de bassesse, un monde qui s'effondre car les malversations sont punies, et sévèrement réprimées.

Ainsi, je suis contente de ma découverte. Je m'attendais à un roman à la manière de Jane Austen, sans la romance, j'ai plutôt un roman à la Gatsby le magnifique. Si je n'ai pas eu de coup de coeur pour ce livre, j'ai apprécié sa singularité et le regard acerbe de la vieille femme sur sa famille et sur la société. Une bonne lecture donc.
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Chaque fois que je le relis, j'y trouve le même plaisir
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Le monde de la Dame à rides prend l'eau

Nous sommes en 1942 à New York et Susie Parkington est maintenant une vieille dame. Très riche.

Son défunt mari, Gus Parkington qui a fait de sa famille une dynastie encore respectée aujourd'hui, était un aventurier des affaires, doté d'une volonté, d'un appétit et d'une ambition sans bornes.

Mrs Parkington a acquis sagesse et sérénité et c'est vers elle que se tournent tous les membres de sa famille, riches oisifs ou financiers imbus de leurs privilèges de caste, dès qu'un obstacle inattendu se présente à eux.

Mrs Parkington est lucide et quand elle regarde s'agiter sa descendance, elle est partagée entre consternation et agacement.

Elle sait bien que le monde des aventuriers est passé. Son mari était un battant qu'elle admirait qu'elle aimait, mais sans ignorer son caractère brutal, parfois sans scrupules et son infidélité chronique. D'origine modeste, elle a conscience d'avoir elle même participé aux "stupides entrainements du siècle, des vanités et des ambitions démesurées".

Le regard qu'elle jette sur cette société est impitoyable.

Elle observe la sclérose qui gagne l'aristocratie britannique ("Lord Hayton n'était qu'un sot et [que] cette sottise avait été le fond de sa nature depuis le moment où il avait été brillamment agrégé de l'université d'Oxford").
Elle dissèque les tares de l'élite et la déliquescence des grandes familles rongées par l'ennui pathologique, l'alcoolisme mondain et le sentiment d'invulnérabilité…

Seules quelques personnes trouvent grâce à ses yeux.

Il y a son excentrique beau-frère, lui aussi rescapé du passé ("qui sent la paille et le crottin mais qui a compris avant tout le monde, qu'on n'échappe pas à son destin et n'a pas succombé à l'ambition").

Il y a surtout son arrière petite fille qui représente elle, l'avenir d'un monde nouveau où le mérite remplacera le conservatisme obtus des élites.

Avec ce roman, Louis Bromfield réussit à concilier lyrisme et précision. le style n'est jamais suranné et anime chaque page, sans recours à des artifices ou des rebondissements de dernière minute.
Bien que comportant près de 400 pages, aucune n'est superflue.

Une vraie belle découverte pour ma part et une résurrection pour ce roman oublié (qui a pourtant fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 1944).

Les éditions Phébus ont choisi d'exhumer des chefs d'oeuvre injustement oubliés ( Armadale , le destin de Mr Crump ...). Grâce leur soit rendue.
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Mrs Parkington désormais bien âgée se souvient des événements principaux de sa vie. Elle reste le phare de sa famille, l'aïeule sage et pleine de bon sens vers qui se tourner quand des catastrophes surviennent et surtout le carnet de chèques bien rempli qui sait adoucir les difficultés.
Veuve de Gus Parkington, flibustier brillant et avide dans le domaine de la finance, il est devenu un de ces nouveaux riches qui trônent sur la cinquième avenue. Fantôme de l'ancien monde où ses méthodes l'auraient conduit en prison dans ce nouveau monde que Mrs Parkington voit éclore au début de la seconde guerre mondiale.
Suzie Parkington malgré sa richesse n'a pas été pervertie par l'argent. Elle a su certes en profiter, ne se faisant aucune illusion sur son mari dont elle savait apprécier le goût de vivre et l'énergie inépuisable, et a eu l'intelligence et la sagacité de s'entourer de personnes qui n'étaient pas corrompues pour traverser les épreuves de sa vie.
Elle, qui a toujours gardé les pieds sur terre malgré ses millions, se désole un peu que sa descendance soit aussi décevante, l'argent qui adoucit la vie perverti les âmes. Des fils décédés dans la fleur de l'âge à qui elle avait bien du mal à inculquer un sens moral et de la retenue, à qui leur père passait tout. Une petite fille, ancienne duchesse, qui traîne une mélancolie permanente et une absence de goût de vivre ; Helen son autre petite fille qui est bien amère et désabusée avec son riche escroc de mari qui s'imagine au dessus du commun de par sa position sociale. Seule son arrière petite fille, Janie, trouve grâce à ses yeux et Mrs Parkington va tout faire pour la sauver et lui assurer son bonheur.
Si cette adorable vieille dame, dont Louis Bromfield nous conte l'histoire, ne devient pas très vite insupportable avec sa richesse et ses sages conseils dispensés auprès de son entourage tel un Bouddha, c'est qu'il n'y a pas de malignité en elle. Elle trône dans son royaume, elle a le mépris un peu facile envers les imbéciles, elle s'agace de la déférence qu'ont les hypocrites envers l'argent, de sa famille pervertie par la vanité et l'orgueil, mais elle reste lucide sur sa situation de privilégié qu'elle doit à un caprice du destin et ne s'estime pas au dessus du commun et apprécie les gens droits et honnêtes. L'auteur par son biais, fait une critique sans pitié du système capitaliste, des prétentieux qui estiment appartenir à une caste supérieure à la loi et des vieilles familles qui pensaient dominer le monde.
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