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Critique de encoredunoir


Second recueil de nouvelles de Larry Brown, Dur comme l'amour – Big Bad Love en version originale – réunit des textes dans lesquels on retrouve les personnages habituels de l'auteur, travailleurs pauvres du Mississippi, chômeurs, aspirants écrivains en proie aux vicissitudes de la vie et, comme l'indique le titre, se heurtant à l'amour. Celui qui brise le coeur. Celui qui a été, celui qui ne sera jamais, celui que l'on recherche, celui que l'on regrette.
Un amour qui, d'une manière générale, chez les hommes ici mis en scène dans les dix nouvelles qui composent ce recueil, représente avant tout l'espoir de combler un vide. Et faute d'amour, on le comble ici avec de la bière : « Apparemment, Mildred était partie avec un autre homme doté d'un énorme pénis. Cette réalité m'ayant quelque peu dégrisé, je suis allé dans mon pick-up chercher une autre bière et je suis ensuite allé vers mon chien. Il était toujours là, toujours mort, sauf qu'à présent la rigidité cadavérique commençait à s'installer. »
L'amour qu'ils cherchent en est-il d'ailleurs vraiment un ou simplement une manière de trouver, au moins brièvement, dans le regard de l'autre, une raison de s'aimer soi-même ? C'est certainement en grande partie le sujet qui traverse tous ces récits. L'amour ou autre chose, d'ailleurs, une complicité, une certaine reconnaissance dans un monde qui en accorde bien peu aux gens que décrit Brown et qui, bien souvent, apparaissent comme ses alter ego. Des hommes frustes, obsédés par le sexe, dominés par le goût de la bière, effrayés par la mort, tenaillés par le besoin de toucher même fugacement un bonheur qui leur échappe et leur donnerait une raison de vivre.
Cela passe aussi par l'écriture, abordée ici dans trois textes. Dans la première partie du recueil, un homme voit sa femme, déterminée à devenir écrivaine, s'éloigner de lui. La deuxième partie est composée d'un texte étonnant, « Discipline », mettant en scène l'audience de mise en liberté conditionnelle d'un apprenti écrivain, enfermé dans une prison où sont regroupés des coupables de plagiat. C'est l'occasion, pour Larry Brown, avec une ironie douce-amère, de rire des éternels « nouveaux Faulkner » ou disciples autoproclamés de Flannery O'Connor et de convoquer les auteurs qu'il admire comme Harry Crews ou Cormac McCarthy. le plus long texte compose la troisième partie du recueil. Dans « 92 jours », Brown fait la chronique du quotidien d'un homme rongé par le besoin d'écrire et confronté à son échec à se faire publier. Âpre et violente, encore portée par une intense autodérision, cette nouvelle concentre tout ce qui nous transporte chez Larry Brown. C'est beau, c'est triste, c'est marrant et pathétique, pudique sous l'exubérance. Sublime.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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