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Critique de boudicca


Sherlock Holmes est un héros populaire dont de nombreux auteurs se sont emparés au fil des ans et qui ne cesse d'être réadapté et remis aux goûts du jour. Avec « Simulacres martiens », Eric Brown s'inscrit dans cette dynamique en plongeant cette fois le célèbre détective et son fidèle compagnon dans l'univers de la SF. Nous sommes au début du XXe siècle, et les Martiens ont débarqué sur Terre. Une arrivée qui, à l'image du scénario imaginé par H. G. Wells, ne s'est pas faite sans anicroche. Une première fois vaincus par des virus contre lesquels ils ne disposaient d'aucune protection, les Martiens ont fini par revenir, toujours aussi nombreux et puissants mais avec, cette fois, des intentions plus pacifiques. Après d'intenses combats, les Martiens ont donc entrepris de tisser des liens avec les nations humaines auprès desquelles ils ont dépêché des ambassadeurs (une précédente affaire mettant justement en scène Sherlock Holmes et le meurtre de l'un de ces envoyés a d'ailleurs d'ores et déjà été publié dans le numéro 105 de la revue « Bifrost »). Très avancés scientifiquement et technologiquement par rapport à la Terre du XXe siècle, les extraterrestres disposent toujours d'un considérable avantage sur leurs hôtes, ce qui n'est pas sans causer des remous dans la société anglaise de l'époque, partisans d'une émulation intellectuelle entre Martiens et Terriens s'opposant aux ardents défenseurs de l'indépendance de la Terre qui refusent la domination de ces visiteurs de l'espace. C'est dans ce contexte pour le moins troublé que Sherlock Holmes fait son apparition. Sollicité par l'ambassadeur extraterrestre à Londres pour tenter de résoudre le mystère de la mort d'un intellectuel martien, le détective du 221B Baker Street va se voir offrir une opportunité peu commune : celle de se rendre en personne sur la planète rouge afin d'y mener son enquête. Un honneur que seules quelques personnalités triées sur le volet se sont jusqu'à présent vues accorder. Watson, évidemment, sera de la partie, de même qu'un autre héros emblématique de l'univers de Conan Doyle, le professeur Challenger.

Parue dans la collection Une Heure lumière du Bélial, la novella d'Eric Brown reprend une bonne partie des codes des romans de Conan Doyle ou de H. G. Wells dans le but, non pas de les subvertir, mais plutôt d'observer la réaction provoquée par le mélange de ces deux influences à priori peu compatibles. le docteur Watson occupe bien sûr la fonction de narrateur et possède un tempérament fidèle à la vision qu'on peut en avoir dans les récits d'origine : honnête, loyal, sympathique, mais toujours un peu lent pour suivre les raisonnements de son acolyte. Ce dernier correspond lui aussi en tout point au personnage d'origine, à savoir redoutablement intelligent et typiquement anglais. le contraste entre ces deux personnages particulièrement représentatifs de l'époque victorienne et des extraterrestres ne manque pas de sel et constitue le principal attrait du récit. L'intrigue, en revanche, ne se distingue pas vraiment par son originalité ni par sa construction. le principal reproche que l'on pourrait formuler réside dans la passivité quasi permanente de Sherlock et Watson, tous deux ballottés d'un endroit à un autre et trop souvent réduits au simple rôle de spectateur. le célèbre détective n'aura ainsi guère besoin de faire fonctionner son brillant cerveau puisque toutes les réponses lui seront servies sur un plateau par des tiers au fur et à mesure de son périple. La novella d'Eric Brown n'a ainsi pas grand-chose d'une enquête et préfère mettre l'accent sur les scènes d'action et les complots machiavéliques, sans que les capacités de déduction hors paire de son héros ne soient à aucun moment exploitées. Cette déconvenue mise à part, on suit les péripéties du duo avec plaisir, leur voyage sur la planète rouge se révélant assez éloignée d'une visite touristique classique. Les personnages annexes sont distrayants mais aucunement développés, si ce n'est le personnage de l'espionne anglaise ayant évidemment attiré l'attention de Watson et à laquelle l'auteur accorde contre toute attente un rôle de premier plan.

« Simulacres martiens » est une novella sympathique qui se réapproprie le célèbre duo Holmes/Watson dans un contexte très éloigné des oeuvres de Conan Doyle puisque proche de celui de H. G. Wells dans « La guerre des mondes ». On peut néanmoins regretter que l'auteur utilise finalement si peu les capacités de ses personnages, cantonnés à un rôle de spectateur particulièrement frustrant.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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