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Critique de sabine59



Je découvre avec cette anthologie poétique Edith Bruck, je n'ai pas lu la précédente " Pourquoi aurais-je survécu?". Enfant d'une famille juive-hongroise très pauvre, elle a été déportée à treize ans, ses parents n'ont, eux, pas survécu aux camps.Vie tumultueuse, d'abord en Israël , puis en Italie, dont elle a adopté la langue pour l'écriture. Son activité intellectuelle est intense.

Les poèmes s'échelonnent de 1975 à 2021. Large spectre. Voilà ce qu'elle écrit l'an dernier, avec une bonne dose d'auto-dérision mais aussi de douleur sous-jacente :

" Que veux-tu ? Tu as quatre-vingt-dix ans.
Tu n'as pas honte de survivre
à tous tes morts bien-aimés ?
Pourquoi te tiens-tu assise
comme une poule
à regarder le vide autour de toi?"

Les poèmes d'Edith Bruck sont sans fioritures, bruts, sobres, mais révèlent les plaies jamais refermées. Elle évoque ici la déportation, le manque, son besoin de témoigner mais aussi ses interrogations face à l'amour, le monde actuel, la pandémie.

Je terminerai avec ce texte que je trouve bouleversant :

" Cette nuit j'ai lu
avec les chats au loin
dans le noir
les yeux fermés
j'ai senti une main sur la tête
un geste comme suspendu
entre bénédiction et consolation
je ne savais pas à qui elle appartenait
je sais seulement que j'ai été envahie d'un grand bien-être
et j'ai souri toute seule
comme un enfant repu en rêve.

Ce n'est qu'au réveil que j'ai pensé
à la main de ma mère morte".

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