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Critique de Dionysos89


Le duo Vincent BrugeasRonan Toulhoat revient pour une nouvelle aventure historique chez Dargaud, cette fois en compagnie de Yoann Guillo. Tête de chien raconte les aventures d'un chevalier femme de la fin du XIIe siècle, probablement la fin des années 1180.

Chevaliers errants
Josselin est un chevalier errant, vivant (ou survivant) grâce à la tenue de différents tournois. Sans écuyer, sans soutien financier, il a besoin de battre des champions pour obtenir des rançons plus ou moins rémunératrices. Il se trouve qu'il connaît un autre chevalier errant, Jehan, qui s'est révélé être une femme. Celle-ci est accompagnée de son écuyer, Paulin, mais ne souhaite pas exposer sa condition féminine aux autres chevaliers. Il n'y a pas qu'elle qui dissimule un secret ; Josselin et Jehan côtoient en effet des chevaliers qui dissimulent leur identité pour cacher leur ascendance et ne pas être une cible, d'autres qui ne veulent pas révéler leurs liens féodaux avec des seigneurs puissants comme le roi de France, d'autres enfin qui profitent de ces compétitions pour multiplier les paris clandestins. Dans la Bourgogne qu'ils parcourent en quête de tournois, Josselin, Jehan et Paulin se retrouvent à participer à une confrontation entre des partisans du comte de Dreux venus des confins normands et des partisans du comte de Joigny, Gaucher, qui a besoin de se refaire une réputation auprès de son seigneur le roi de France. Dans cette géopolitique féodale, chaque passe d'armes entre chevaliers est l'occasion de régler des comptes personnels et des alliances entre seigneurs.

Thème en vogue
Si montrer et décrire des tournois chevaleresques est classique pour une fiction médiévale, la thématique de la femme guerrière au Moyen Âge a tendance à refaire beaucoup surface ces temps-ci. On peut penser à la BD La Chevaleresse, d'Elsa Bordier et Titouan Beaulin, ou au roman Morgane Pendragon, de Jean-Laurent del Socorro, pour ne citer que deux exemples sortis durant l'année écoulée, sans compter quantité d'autres albums pour la jeunesse. Toutefois, il ne faut pas pour autant en faire une BD prônant un vision médiévale féministe, loin de là, puisque nous ne suivons au fond qu'un personnage, Jehan, qui se dissimule sous les atours masculins pour assouvir sa passion des tournois, mais il a existé des femmes guerrières bien plus reconnues, plus médiatiques disons, que cet exemple fictif. Ici, Jehan ne veut être qu'un chevalier parmi d'autres sans autre revendication particulière et même si c'est elle le chevalier à « tête de chien », n'est pas la protagoniste de ce premier tome (à voir par la suite, bien sûr) ; elle donne son nom à la série, mais le personnage principal semble plutôt Josselin qui ouvre l'histoire, conduit l'intrigue et est de tous les ressorts scénaristiques.

Dynamisme graphique
Ronan Toulhoat a déjà un grand nombre d'ouvrages derrière lui désormais (Ira Dei, Block 109, La République du Crâne, etc.), donc son style de dessin est stable, bien établi et marqué. Toutefois, dans cette série, les auteurs ont fait le choix de souligner leur découpage en chapitres par un duo de pages à chaque fois particulier. À chaque fois, une nouvelle couverture et une planche à part font office de tête de chapitre, où le graphisme se veut plus dynamique, plus combattif encore, que l'éditeur attribue à un style manga de type shônen. Ces ouvertures de chapitres sont estampillées à chaque personnage par un code couleur (bleu pour Josselin, jaune pour Jehan, rouge pour Gaucher de Joigny, noir pour le chevalier noirci, etc.) et pose ses réflexions par un monologue sur ce qui vient d'arriver. le problème est que ce choix tranche beaucoup avec le style médiéval-occidental classique du reste de l'ouvrage, où le découpage des cases met surtout en valeur les tactiques dans les tournois, les bons et mauvais coups, à grands renforts de déconstructions de gaufriers plus l'action se fait intense (et on revient aux cases classiques quand le calme se fait après la bataille).

En somme, Tête de chien part sur des bases simples avec un scénario intéressant car mettant en scène plusieurs intrigues possibles, mais il faudra attendre la suite pour savoir si les personnages valent vraiment le coup.
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