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Critique de laulautte


Il arrivait dans la région
L'inquisiteur
C'était un homme passionné
L'inquisiteur
Il voulait sauver l'Humanité
Pauvres pêcheurs
De l'éternelle damnation
Alors attention

Il voulait sauver ces pauvres croquants de Hurlemort, village coupé du monde encerclé par une forêt peuplée de loups, où se sont réfugiés les dieux proscrits, les anciens dieux et le Petit Peuple persécutés par la Sainte Eglise aux heures les plus sombres du christianisme. Il voulait mettre fin à leurs superstitions païennes, lui le moine squelette « sans chairs », « sans entrailles », l'exorciste dont aucune sorcière pouvait entendre battre le coeur. Il voulait brider l'imagination débordante de ces ignorants, stimulée par les ballades de Lorel, le vieux troubadour qui a perdu toute sa superbe, la peste de l'ennui, les mythes et légendes des anciennes religions. Lui-même qui fait preuve d'une déroutante imagination en matière de persécutions et châtiments, exécutés par sa femme de main, la sage-femme des enfers vêtue de cuir rouge, qui n'a rien à envier aux mord-siths de Terry Goodkind. Il s'appelle Jöme, mais pourrait se nommer Bernard Gui, à mettre au supplice ce benêt de Salvatore, euh Fornicotin (il a été difficile de se défaire de l'image du visage de Ron Perlman dans certaines scènes). Il ne se laissera pas séduire par Céline, la « marquée », fanatique, sa cruauté sans borne, grandissante au fil des pages, vous déconcerte, avant de vous écarteler, pour vous laisser le goût des cendres des suppliciés dans la bouche, sur laquelle finit par se dessiner un sourire… Hurlemort reste un roman de Serge Brussolo.
« Ces récits, qui souvent s'achevaient par des souffrances et de tortures, excitaient sa verve poétique et le rendaient intarissable. » Hurlemort, un roman noir qui porte son titre à merveille. Serge Brussolo nous met au supplice d'une verve remarquable sans toutefois d'une grande poésie. Ce roman médiéval ne nous plonge pas, malgré les références à la mythologie ou à la Faërie, dans un univers onirique, mais dans cette réalité dure et âpre de l'époque moyenâgeuse et de la chasse aux sorcières. Celle de Céline, un personnage féminin - car « Pourquoi une femme n'aurait-elle pas mené une quête comme les hommes ? Pourquoi dans les récits des troubadours devaient-elles toujours se contenter d'attendre accoudée aux créneaux, l'oeil fixé sur la ligne d'horizon, pleurnichant sur le sort du beau paladin qu'elles avaient vu partir, boulonné dans son armure ? – comme Serge Brussolo sait mettre en scène dans leur plus héroïque simplicité. Hurlemort n'est pas un roman fantastique ou de fantasy, ou épique, chevaleresque. Il est un conte de l'intarissable Serge Brussolo se déroulant dans une des périodes sombres de l'Histoire où l'ignorance exacerbe l'imagination.
Une Cool Frénésie.
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